Victoire de Reims ou défaite de Lyon ?

Football — par Julien Lampin, le 18 août 2018 (15:56)

Crédit photo : Julien LAMPIN

Si tout le monde s’accorde à saluer les performances du promu rémois en ce début de championnat, le débat fait toujours rage médiatiquement entre la valeur du « petit » et la contre performance du « gros ». L’opposition entre Reims et Lyon l’illustre parfaitement. Alors pourquoi Reims a autant gagné que l’OL a perdu ce match ? Eléments…

Comme un symbole… Tandis qu’un Delaune bien rempli se lève à la 31e minute pour célébrer l’année de naissance du club, Pablo Chavarria s’élevait, lui, idéalement pour crucifier Mathieu Gorgelin et inscrire l’unique but de la soirée. Un sacré sens du timing pour des Rémois dont la science du contre et la discipline défensive auront eu raison de la stérilité lyonnaise. Une victoire méritée qui donnait espoir à Jean-Pierre Caillot, le président rémois, « qu’on dira que c’est Reims qui a gagné et pas Lyon qui a perdu ». Jean-Michel Aulas, son homologue lyonnais préférait souligner les manques de son équipe même s’il saluait les valeurs champenoises.

Des valeurs acquises en Ligue 2 et qui restent pour l’instant valables dans l’Elite. L’adage veut d’ailleurs qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Comme à Nice, les Rouge et Blanc ont conservé la recette de la saison dernière : une banderille sur une attaque rapide, avec une réussite toujours aussi insolente et de façon toujours aussi sereine et décomplexée. Après une première période entreprenante, la suite a été plus délicate, à l’image de ce que les protégés de David Guion ont connu sur la Côte d’Azur samedi dernier. Mais sans fioritures, les Marnais ont repoussé chacune des offensives lyonnaises, sans exception, avec pragmatisme, solidarité et une énorme combativité. Au-delà d’un Edouard Mendy performant et d’une défense incroyablement hermétique, c’est toute une équipe qui a bataillé pour conserver un avantage qui permet un second succès de rang en Ligue 1 et un sans-faute inespéré.

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Reims – Lyon, ce qui a fait la différence

LE CARACTERE : David Guion l’avait rappelé avant le match, c’est le supplément d’âme qui permettrait au Stade de Reims d’exister face à l’armada lyonnaise. Ce fut le principal argument des Rouge et Blanc. Lyon a des individualités (Depay, Aouar…) malgré l’absence de Nabil Fekir. Reims a une équipe. Le triple changement de capitanat (Martin puis Chavarria et Abdelhamid) en est une preuve. Un collectif d’abord décomplexé, entreprenant, piquant, au point d’ouvrir le score. En face, les Lyonnais n’ont pas montré de véritable révolte. La réaction après la pause n’est due qu’à un bloc volontairement plus bas des Rémois. Plus forts mentalement, les locaux ont opposé à leurs visiteurs de la dureté dans les duels. Le caractère, c’est aussi la solidarité, la rigueur, la combativité démontré par le Stade de Reims.

LA TECHNIQUE : Tout le monde s’accorde à dire que les Lyonnais sont techniquement supérieurs aux Rémois. Bertrand Traoré et Memphis Depay ont été des dangers certains grâce à leur percussion et leur dribble. Mais s’ils n’en faisaient pas trop, ils étaient bien pris par une défense rigoureuse. Houssem Aouar, lui, a traversé la rencontre tel un fantôme, perdu sur un terrain où l’intensité physique ne lui correspondait pas. Parce que les Lyonnais étaient brouillons, on pourrait dire que Reims s’en sort bien. Mais le Stade de Reims sait aussi jouer au football. La capacité de Marvin Martin à conserver le ballon et à se projeter vite vers l’avant est précieux. Les relances de Yunis Abdelhamid et Thomas Fontaine sont propres. Les percussions de Moussa Doumbia, la protection de balle de Pablo Chavarria, les interventions de Romao et Chavalerin au milieu, la qualité de centre de Ghislain Konan, la qualité des sorties aériennes d’Edouard Mendy sont autant d’atouts qui font du club rémois une équipe agréable à voir évoluer.

Crédit photo : Julien LAMPIN

 

LE COACHING : C’était une fantaisie orale dont David Guion a parfois le secret. En conférence de presse d’avant-match, le coach marnais affirmait que Lyon avait, entre autres, un meilleur coach. Comme une provocation amicale, un coup de bluff avant une opposition qu’il a pourtant gagné sur le terrain. L’entraîneur stadiste n’a pourtant pas surpris, reprenant le même onze de départ qu’à Nice. Lyon était prévenu. Mais face à un bloc bas, Lyon n’a jamais trouvé la solution. Ultra discipliné, Reims a maîtrisé un 4-3-3 qui sied mal aux Lyonnais. Un dispositif où Aouar s’est retrouvé éteint au milieu, où Depay n’a pas eu le rendement escompté sur un côté et où fatalement, Mariano Diaz n’a pas été servi, bien pris par Thomas Fontaine et Yunis Abdelhamid, là où Jérémy Morel fut un peu large au marquage de Pablo Chavarria. Si les entrants n’ont pas changé grand chose à Lyon, ceux de Reims ont offert de la fraîcheur dans les mêmes principes de jeu, avec des Nolan Mbemba et Mathieu Cafaro qui n’hésitaient pas à se porter vers l’avant voir de frapper au but. Un 4-2-3-1 équilibré et efficace dont les attaques tranchantes sont possibles grâce à une transition rapide entre défense et attaque. A noter le travail de l’ombre d’Alaixys Romao et Xavier Chavalerin au milieu. Leur placement entre deux lignes basses en seconde période fut précieux

LA DISCIPLINE : L’exigence du haut-niveau fait que les erreurs se paient cher. Face à la discipline et l’organisation rémoise, les Lyonnais ont été pressants après l’heure de jeu. Mais sans paniquer, Reims a plié sans rompre. Une solidité déjà affirmée la saison dernière en Ligue 2, mais qui posait question durant la préparation. A l’inverse, Marcelo et Jérémy Morel ont été coupables de largesses défensives fatales.

C’est vrai, Nice et Lyon n’ont pas été inspirés, mais peut-être parce que Reims les a fait déjouer. Une recette gagnante dont les ingrédients sont connus. Et à force de les confirmer, le Stade de Reims sera attendu et l’effet de surprise en Ligue 1 de moins en moins prégnant. Un piège grisant dans lequel le Stade de Reims était tombé en 2015/16. Les similitudes existent. A l’époque, Reims était allé surprendre Bordeaux avant de piéger Marseille, des profils qui ressemblent à Nice et Lyon. L’insouciance, la rigueur et la combativité étaient alors des mots connus d’Olivier Guégan. On connaît la fin. Nul doute que David Guion saura savourer sans s’enflammer. Mais ce qui est pris n’est plus à prendre.