Recette gagnante pour le Stade de Reims

Football — par Julien Lampin, le 12 août 2018 (13:12)

Crédit photo : Elodie SAINTE

Le niveau n’est pas le même. Les adversaires sont plus forts. Mais lors de la première journée de Ligue 1, c’est un Stade de Reims fidèle à ses principes répétés en Ligue 2 qui s’est imposé à Nice. Convaincant et joueur en début de match, solide et discipliné ensuite. Retour sur une recette gagnante.

24 septembre 1976. Le Stade de Reims clôt sa 6e journée de D1 par une victoire à Nice 3 buts à 2. Un autre temps, direz-vous. Sauf que jusqu’à ce 11 août 2018, le Stade de Reims n’était plus jamais parvenu à gagner en terre azuréenne. Une habitude qu’a pris le club rémois depuis quelques mois de défier les chiffres, lui qui avait déjà battu plusieurs records la saison dernière en L2. A l’Allianz Riviera de Nice hier, les Marnais sont donc restés dans leurs standards, dans le jeu et dans le résultat.

Pourtant, le statut du Stade de Reims avait logiquement changé. De celui de favori l’an passé en Ligue 2, les Champenois étaient devenus cet été candidats à la relégation. Pas de quoi perturber un groupe loin d’être complexé. Et le début de match réussi grâce au but rapide de Moussa Doumbia a fini de désinhiber des Rémois déterminés à faire leur petit bonhomme de chemin en Ligue 1. Bien sûr, il serait hâtif de tirer des conclusions après seulement une journée, et de faire des plans sur la comète. Mais à Nice, le Stade de Reims peut tout de même tirer quelques enseignements.

Discipline et organisation

Sur la Côte d’Azur, les Rémois ont donc adopté des recettes apprises en Ligue 2. Comme plusieurs fois l’an passé, ils ont planté une banderille rapidement. Presque de façon insolente. Car face à des Niçois favoris, ils ont débuté la rencontre de façon décomplexée, entreprenante. Les vingt premières minutes sont agréables, grâce à un jeu simple et juste techniquement, sans grande prise de risque. Puis un temps sonné, les Azuréens réagissaient logiquement. Le moment venu pour les protégés de David Guion de montrer un autre visage, plus pragmatique, mais toujours solide et serein et prêt à piquer la bête blessée. Ce fut le cas peu avant la demie heure de jeu lorsque la superbe combinaison entre Marvin Martin et Xavier Chavalerin profitait à Moussa Doumbia. Sa frappe était stoppée par le gardien des Aiglons.

C’est ensuite recroquevillés mais solidaires que les Rémois ont passé la seconde période. Devant un Edouard Mendy vigilant et de retour à son meilleur niveau, notamment lors de sa double parade au retour des vestiaires, mais aussi en sortant promptement dans les pieds de Youssouf Attal en première période, le collectif rémois a défendu solidement et en bloc. A côté d’un Yunis Abdelhamid patron de sa défense, Thomas Fontaine a rassuré par son calme, tandis que Ghislain Konan, beaucoup moins offensif que contre Dijon faisait le travail sur son côté. Surtout, le bloc défensif débutait par les attaquants, Pablo Chavarria et surtout Rémi Oudin faisant des efforts précieux, notamment pour gêner Allan Saint-Maximin.

Crédit photo : Nice-Matin

 

Autant de points positifs qu’il ne faut pas surévaluer, mais à ne pas rabaisser. David Guion, le répète à qui veut bien l’entendre depuis un an, c’est l’état d’esprit, au-delà de la qualité sur le terrain, qui permettra aux Rémois de remplir leur objectif principal. Avec des recrues qui apportent qualitativement à l’équipe, le Stade de Reims semble armé pour exister dans cette Ligue 1. L’apprentissage n’est pas pour autant assuré. D’abord parce qu’un championnat est long. Aussi parce que Nice, sans enlever le mérite aux Stadistes, n’a pas semblé dans ses meilleures dispositions, sans Mario Balotelli suspendu et orphelin d’un Alassane Plea pas remplacé sur le front de l’attaque niçoise. Surtout, il faudra certainement produire encore plus d’efforts et de jeu dès vendredi contre Lyon, autre gros calibre annoncé de L1. A Delaune, le 12e homme aura aussi son mot à dire.

ON A AIME

  • La victoire, évidemment. David Guion le rappelait avant le match, le haut-niveau c’est d’abord le résultat. Ce qui est pris n’est plus à prendre et débuter par une victoire, qui plus est à l’extérieur, offre plus de confiance et de certitudes.
  • La prestation collective notamment défensive, et surtout les efforts de Rémi Oudin souvent redescendu, notamment en 2e mi-temps pour soutenir une défense un temps en apnée face à des Niçois très entreprenants.
  • La technique au milieu. Marvin Martin en forme, c’est quand même un plus. Il a été, notamment en première période, le chef d’orchestre, régulant le rythme stadiste et aidant à la qualité de la transition rapide entre phase défensive et offensive. Face à la pression niçoise en 2e mi-temps, David Guion a préféré le préserver et renforcer son milieu. A noter les belles promesses de Moussa Doumbia et un Xavier Chavalerin qui s’est hissé au niveau de ses collègues.
  • Les nouveaux sont là. Buteur, Moussa Doumbia a crevé l’écran samedi soir. Capable de canaliser son énergie, sa technique et son esprit d’initiative permettent de créer le danger voire des différences. Le côté gauche demeure d’ailleurs prometteur avec Ghislain Konan derrière lui. Le défenseur venu du Portugal, capable d’apporter offensivement, a forcément beaucoup défendu. S’il a été parfois mis en difficulté face à Attal et Lees-Melou, il a globalement répondu aux attentes, tout comme Thomas Fontaine, solide et vigilant et qui est venu plusieurs fois aider sur les ailes. Plus discret, Romao a réalisé le travail de l’ombre, sans fioritures.
  • Le caractère. Plusieurs fois en danger, en fin de match fatigués, les Rémois ne se sont jamais affolés. Une maîtrise des émotions qu’avait demandé David Guion mais qui reste surprenant quand on sait que plusieurs éléments découvraient ce niveau de compétition. Mieux, ils ont parfois fait preuve de vice et de caractère pour tenir le résultat jusqu’au coup de sifflet final.

ON S’INTERROGE

  • S’il est intéressant offensivement par ses percussions, Moussa Doumbia devra apporter défensivement. Au risque peut-être de manquer parfois de lucidité. L’exemple Rémi Oudin est éloquent, lui qui est venu plusieurs fois en aide à Romain Métanire.
  • A trop subir, le Stade de Reims a concédé beaucoup de situations, surtout après la pause. Attention aux coups de pied arrêtés. S’ils étaient mieux négociés par les Niçois, le danger aurait été plus intense encore.
  • Le Stade de Reims termine avec 30% de possession de balle. A beaucoup défendre, les joueurs ont beaucoup couru, certains jusqu’à avoir des crampes. Impressionnants physiquement la saison dernière, il sera difficile d’offrir la même impression cette saison avec des matchs plus intenses et plus rapides, notamment dans les transitions. La sortie de Marvin Martin n’a pas aidé, lui qui savait conserver le ballon et faire souffler les siens quand il le fallait. Romao a peu pesé dans l’entrejeu. Plus de récupérations et plus de remontées de balles auraient permis une plus grande maîtrise du jeu.
  • C’est une pâle équipe niçoise que les Rémois ont affronté samedi soir. Sans idées et timides dans les duels. Il faudra maintenir la même rigueur et la même efficacité face à des équipes plus inspirées.