Tristan Navarro : « être prêt si on a besoin de moi »

Sports de glace — par Julien Lampin, le 21 janvier 2022 (19:04)

Crédit photo : FFSG

Blessé au genou dès le début de saison de short-track, au Japon à l’automne dernier, le patineur rémois Tristan Navarro est vite revenu à son meilleur niveau. S’il était absent des manches qualificatives aux JO, il a tout de même été placé mercredi par le Comité Olympique sur la liste de l’Equipe de France qui se rendra en Chine dans les prochains jour, en tant que remplaçant. Un moindre mal pour le pensionnaire du Reims Patinage de Vitesse.

Tristan, tu as été sélectionné comme remplaçant aux Jeux de Pékin. Tu reviens de loin dans cette saison 2021-2022..

Oui c’est sûr, c’est de loin la saison la plus difficile à traverser pour le moment. Donc, oui, je suis passé par des moments difficiles, et ça ne tombait pas forcément la bonne année.

Comment ça va aujourd’hui ?

Tout va très bien, j’ai repris l’entraînement un gros mois après ma blessure. Je suis rentré en France très vite pour l’opération. La rééducation s’est très bien passée et je suis vite revenu sur la glace avec de bonnes sensations donc tout va bien. Honnêtement, les médecins me disaient « quand on revient d’une blessure on revient plus fort ». J’y croyais pas trop, je pensais qu’ils me disaient ça pour me rassurer, mais je suis très agréablement surpris de la vitesse à laquelle je suis revenu. Je pense que je suis au moins aussi fort qu’avant ma blessure. J’ai des sensations que j’avais pas eues depuis longtemps. Déjà physiquement, j’encaisse vraiment bien et les chronos suivent.

« Honnêtement, les médecins me disaient « quand on revient d’une blessure, on revient plus fort ». J’y croyais pas trop, je pensais qu’ils me disaient ça pour me rassurer, mais je suis très agréablement surpris de la vitesse à laquelle je suis revenu. »

Comment on réagit quand on comprend la gravité de la blessure  ?

Ca a été compliqué. Ca s’est fait en 2 temps. C’était le 1er jour au Japon. Il restait encore 3 manches qualificatives pour les Jeux donc il restait beaucoup à faire. Au début, les médecins me disaient que ce n’était peut-être pas si grave, que possiblement, quelques jours de repos suffiraient pour faire la Coupe du Monde sur les manches européennes. Mais assez rapidement en passant d’autres examens on a compris qu’il fallait opérer. Et à ce moment-là, ca a été terrible parce que pour moi, le rêve s’arrêtait là. J’ai connu quelques semaines très dur. Je suis rentré en famille et ensuite je suis vite reparti à Font-Romeu parce que j’avais besoin rapidement de reprendre le rythme d’un sportif. Depuis ça va beaucoup mieux.

Et très vite tu as été soutenu par l’équipe de France ?

Oui, en fait le jour où j’ai appris la gravité de ma blessure, j’ai tenu à leur annoncer moi-même, donc je les ai réuni dans ma chambre d’hôtel au Japon. Pour tout le monde c’était un peu difficile à encaisser et très vite ils m’ont tous soutenu, et c’est vrai que ça a fait plaisir. C’était aussi un coup dur pour le relais mixte où on avait des chances de performance.

Tu seras donc remplaçant à Pékin.. Le rôle consiste en quoi ?

Finalement je suis très content de ça. Quand on voit son nom, ça fait plaisir. Donc je pars avec l’équipe à Pékin et si il y a un moindre problème (une blessure ou un test positif au Covid), je prendrai sa place. Je ne souhaite aucun mal à personne, donc mon but c’est d’être prêt si l’équipe a besoin de moi, je suis déjà très content d’être là. C’était devenu inattendu à un moment. Je m’entraîne pour répondre présent et on verra.

« On a tous envie de profiter d’une ambiance olympique mais ce sera compliqué. Notre plus grande peur c’est que le prochain test soit positif. Si c’est le cas, on reste à la maison. On va faire tellement attention qu’on ne profitera pas vraiment. »

Les conditions seront pas simples pour profiter de Jeux Olympiques, non ?

Je n’ai pas encore regardé toutes les conditions, mais ce sera drastique. A Pékin en Coupe du Monde en début de saison, j’avais halluciné. Dans les avions, les hôtels, tous les personnels étaient en combinaison, on ne voyait pas un centimètre carré de leur peau. C’était très particulier. Ce seront des Jeux très bizarres, en plus sans public, surtout que les Chinois sont forts en short-track donc on attendait une belle ambiance. On a tous envie de profiter d’une ambiance olympique mais ce sera compliqué. Notre plus grande peur c’est que le prochain test soit positif. Si c’est le cas, on reste à la maison. On va faire tellement attention qu’on ne profitera pas vraiment.

Les Jeux de Pékin, on en parle très peu, qu’est-ce que tu penses de la faible médiatisation de ces Jeux ?

C’est vrai que ca a toujours été un peu question. D’autant que les Jeux d’été étaient très rapprochés donc ça fait un gros contraste. J’espère que les gens vont s’y intéresser, surtout une fois que les Jeux seront lancés. Mais c’est vrai qu’en plus, il y aura le décalage horaire. Et puis en France, il y a Paris 2024 qui vampirise un peu ces jeux d’hiver. Je le vois même à Font-Romeu.

On suivra ça et on espère aussi suivre les Mondiaux de Montréal en mars, qui seront, de fait, ton vrai objectif de saison ?

Tout à fait. On espère qu’ils ne seront pas annulés. Et si c’est maintenu, oui ce sera mon dernier gros objectif. Et puis après j’ai plein de choses dans la tête. Je ne sais pas si mon avenir sera dans les patinoires. Je vais prendre le temps de voir ce qu’il se passe et je prendrai une décision.