David Baechler : « Il faut rester digne et terminer la saison au mieux »

Sports de glace — par Julien Lampin, le 19 janvier 2022 (12:40)

Crédit photo : bobteam Baechler

Après un ultime top 10 en Coupe d’Europe en Allemagne le week-end dernier et une 6e place au classement général, l’équipe de bobsleigh emmenée par David Baechler ne s’est pas qualifiée pour les Jeux de Pékin. Une grande déception qui ne fait pas oublier l’ensemble des efforts et des investissements fournis pour conclure une saison pourtant honorable. Entretien…

David, on vient d’apprendre que tu n’iras pas aux Jeux Olympiques à Pékin dans quelques jours..

Eh non, effectivement, c’est une énorme déception pour l’équipe. J’annonçais il y a quelques semaines, j’affirmais qu’on voulait les Jeux. Après ce n’est pas complètement une douche froide parce qu’on était bien partis en Coupe d’Europe, mais nos prestations en Autriche n’ont pas été suffisants. 18e et 22e en Autriche, ça nous a tués. Même si on fini sur une bonne note à Wirtenberg, on n’a pas cumulé le nombre de points suffisants pour qualifier le bob. Et la règlementation internationale est ainsi faite que quand on repêche des bobs, on ne peut pas repêcher ceux d’une nation qui est déjà engagée. Comme la France a déjà un équipage de Coupe du Monde, la Fédération internationale va chercher d’autres nations.

Justement, le point positif, c’est ce dernier week-end à Wirtenberg, ce qui permet de terminer 6e de la Coupe d’Europe au général. Comment tu juges le tout ?

Quelque part, c’est une saison réussie, parce que sur les 30 équipages qui ont participé à la Coupe d’Europe en bob à 4, on termine 6e. On a fait 484 points en tout. Sont retenues les 7 meilleures manches, ca fait 456 points et on termine à 38 points de la qualification qu’a obtenu un équipage italien. Je me dis que si ça s’était mieux passé en Autriche, on aurait pu défendre nos chances jusqu’au bout. C’était l’objectif, mais ça n’a pas fonctionné.

« Si on n’est pas bien à la poussée de départ, on n’est pas performant à l’arrivée. Pourtant, c’est une piste que je maîtrise parfaitement. C’est la piste la plus facile d’Europe. J’ai une centaine de descentes là-bas, mais cette fois-ci ça n’a pas fonctionné. »

Justement, qu’est-ce qu’il a manqué ?

L’objectif c’était de ne faire que des top 10. C’était bien parti. Et puis en Autriche, j’ai fait une mauvaise chute, à cause d’une mauvaise trajectoire et du coup on s’est retrouvé 22e. C’est la loi du sport. On avait une pression terrible, nos adversaires, directs, les Italiens, étaient là. Eux étaient toute une armada, nous on était 5, à cause de 2 cas Covid qui n’ont pas pu faire le déplacement. On s’est renforcé en dernière minute avec Jérémy Baillard, qui avait une grosse expérience dans le bobsleigh. Ca a fonctionné pour la première manche, mais malheureusement la chute l’a blessé au poignet, donc on n’a pas pu repartir avec lui le lendemain. On a quand même fait la manche, mais on a forcément reculé à la poussée. Et si on n’est pas bien à la poussée de départ, on n’est pas performant à l’arrivée. Alors que c’est une piste que je maîtrise parfaitement. C’est la piste la plus facile d’Europe. En terme d’apprentissage de pilotage, tout le monde va là-bas. J’ai une centaine de descentes là-bas, mais cette fois-ci ça n’a pas fonctionné. C’est d’autant plus dommage que malgré tout ça, j’ai battu mon temps de descente à l’arrivée.

Qu’est-ce qui prime ? La déception du résultat ou la fierté d’avoir mené cette aventure ?

On ne va pas se cacher, notre objectif, c’était une qualification aux Jeux Olympiques. C’est vrai qu’on a réalisé une saison complète. Mais il y a de la déception. Certes on n’avait pas la main sur la décision finale qui revenait au CIO et à la Fédération des Sports de Glace, mais on aurait voulu être dans les clous en étant une des 7 nations qui pouvaient présenter deux bobs. C’est comme ça, il faut rester bon joueur, même si tout ça a été beaucoup d’investissements, c’est un budget de plus de 50.000€ qui ont été sortis pour cette saison, ce sont des gars qui m’ont suivi dont un qui a arrêté son boulot pour réaliser son rêve olympique. Du coup, l’annonce a été dure à annoncer. Il faut rester digne et les remercier.

La suite c’est quoi ?

La suite, c’est déjà de terminer la tête haute avec les championnats de France en mars, et on aimerait aller cherche un podium voire la 2e place. Après, j’aurai bientôt 49 ans, je marche beaucoup à l’affect et la passion, je ne peux pas décider comme ça, donc j’ai déjà tout donné. Il faudra que j’interroge tout le monde, les athlètes, ma famille, mes sponsors. Est-ce que j’aurais les moyens, l’envie. Là c’est un peu tôt pour y réfléchir.

Tu vas les regarder les Jeux Olympiques ?

Bien sûr, parce que je suis passionné de cette discipline. J’ai envie de voir comment cette piste va descendre. Elle est pas réputée très difficile. Je n’irai certainement jamais la piloter, mais je verrai les images.