Melchie Dumornay, la détermination au service du collectif
Football — par Julien Lampin, le 30 septembre 2021 (15:43)
Arrivée tardivement en Champagne pour des raisons administratives, Melchie Dumornay, dernière recrue haïtienne (venue de l’AS Tigresses) du Stade de Reims, n’a pas tardée à se fondre dans l’effectif rémois. Motivée à l’idée d’apporter sa pierre à l’édifice, elle pourrait disputer ses premières minutes en D1 samedi à Issy.
Melchie Dumornay était attendue. Jeune haïtienne dont le talent lui a valu une notoriété précoce, elle s’est présentée en conférence de presse avec une aisance, une fraîcheur et une détermination remarquée. Internationale A depuis l’âge de 17 ans, elle s’est vite imposée comme une joueuse indispensable à la sélection haïtienne (4 buts en 7 sélections). A tel point qu’elle a été élue cette année dans le top 5 des meilleures jeunes joueuses du monde. Rapide, habile balle au pied, et altruiste dans le jeu, la néo-Rémoise compte bien rendre service à ses nouvelles coéquipières dès ce samedi. Entretien :
Melchie, qu’est-ce qui t’as convaincue dans le projet rémois ?
Déjà, je voulais commencer ma carrière professionnelle en Europe, surtout en France. La coach a montré beaucoup d’intérêt pour moi. Et je voulais me sentir dans un environnement où je serai importante. Et Reims a de bons profils. C’est un club qui est vraiment ambitieux et qui a des jeunes comme moi. Donc pourquoi pas ?
Quelle est l’image du championnat français en Haïti ?
En Haïti, il y a peu de gens qui suivent le championnat. La priorité est plus donnée aux garçons. Mais moi j’ai toujours suivi le championnat français, parce que j’ai coéquipières ici. Et comme je voulais venir ici, je me donnais le temps de regarder les résumés de matchs. Ici, il y a beaucoup de niveau, par rapport à Haïti.
Comment as-tu vécu la difficulté que tu as connu pour venir en France ?
C’était une surprise aussi pour moi aussi parce que j’avais hâte de retrouver les filles. Et ma coéquipière Kethna Louis me disait tout le temps que les filles avaient hâte de m’accueillir. J’étais un peu furieuse. Ca a pris du temps, mais on a réussi. Psychologiquement, c’était compliqué mais je me répétais que le meilleur était à venir. J’avais un préparateur physique pour m’entretenir pour rattraper mon retard et donner mon aide à l’équipe parce que mon aide sera précieuse et j’ai bien envie de leur donner cette aide.
« Avant même de me retrouver dans un club en France, je me préparais à tout. Je m’entraînais à parler en français, en anglais, en espagnol, toute seule devant un miroir. Ca part d’une passion et d’un rêve »
Qu’as-tu pensé du début de saison du club ?
On est mal parties, mais je suis confiance. Le meilleur est à venir. On a des joueuses de qualité. Il faut juste trouver le déclic qui va nous pousser plus haut. L’an dernier les filles étaient plus réalistes devant le but. Là on a beaucoup d’occasion, c’est bien, mais on les a raté. Mais ça va venir.
Venir en Europe, c’est un rêve ?
Oui, l’idée c’était de trouver un club qui pouvait m’aider à progresser et me donner du temps de jeu. Je voulais aussi avoir une coéquipière haïtienne, c’est le cas aussi donc ça m’aide beaucoup.
Quels tes objectifs à Reims ?
Au niveau collectif, c’est de pouvoir atteindre l’objectif qu’on s’est fixé ensemble, c’est-à-dire de pouvoir soutenir le projet que la coach a mis en place. Et puis personnellement, c’est marquer et faire marquer. Mais avec la coach, j’ai fixé l’objectif de 10 buts. L’adaptation n’est pas encore parfaite, mais ce n’est pas la première fois que je viens en France. Avec les filles très accueillantes, ça se passe bien.
On te sent déterminée. D’où vient cette détermination ?
Ca vient de loin. Je peux même dire qu’avant même de me retrouver dans un club en France, je me préparais à tout. Je m’entraînais à parler en français, en anglais, en espagnol, toute seule devant un miroir. Ca part d’une passion et d’un rêve. Le foot pour moi, c’est venu naturellement. C’était ma façon de me faire plaisir. Après j’ai vu mes qualités donc je me suis lancée. Le foot, c’est ça que je peux faire le mieux.
En Haïti, le football progresse ?
Oui, il y a des centres de formation où les filles s’entraînent. Donc tant que des filles continuent à faire de belles choses, ça inspire d’autres joueurs, et d’autres jeunes filles. On est sur la bonne voie. Quand je vois une jeune fille qui me dit que je suis son modèle, ça me rend fière et ça me pousse à faire encore de belles choses. C’est un peu une mission pour moi.
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