Moreto Cassama, une prolongation et des promesses

Football — par Maxime Masson, le 12 mai 2020 (20:10)

Crédit photo : Stade de Reims

Le COVID-19 ne lui a pas laissé l’opportunité de nous montrer l’ensemble de sa palette technique. Qu’à cela ne tienne, ce n’est sans doute que partie remise. Véritable révélation de cette deuxième partie de saison, l’international Bissaoguinéen Moreto Cassama vient de parapher une prolongation de contrat avec le Stade de Reims. Il est désormais lié au club du président Caillot jusqu’en 2024. Une prolongation en guise de félicitations pour les progrès des derniers mois. Mais surtout, une prolongation pour verrouiller celui qui pourrait changer le visage du Stade de Reims. Portrait.

Le choc climatique en aurait sans doute refroidi plus d’un, mais pas lui. Janvier 2019 : mois durant lequel le Stade de Reims s’est montré très actif sur le marché des transferts. De nombreux joueurs arrivent, certains pour aider l’équipe première dans son objectif maintien, d’autres pour garnir les rangs de la N2 et préparer l’avenir. Parmi les transfuges, on retrouve notamment Arber Zeneli, la dynamite kosovar, Abdul Rhaman Baba, l’arrière gauche de Chelsea ou encore Sambou Sissoko, jeune promesse suivie par une bonne partie de l’Hexagone. Dans l’ombre de ces hommes, l’arrivée de Moreto Cassama passe presque au second plan. Pourtant, elle intrigue.

Numéro 10 de l’équipe B du FC Porto, Cassama jouit alors d’une bonne réputation en Europe. Il est d’ailleurs suivi par plusieurs clubs, français mais surtout étrangers. Meneur de jeu de poche, il s’est principalement fait connaître en Youth League, la Ligue des Champions junior, où il atteindra avec son club portugais les demi-finales en avril 2018. Alors capitaine, Cassama verra son équipe tomber aux tirs aux buts face à Chelsea.

Des espoirs à maturer

Moreto Cassama arrive donc à Reims avec l’étiquette FC Porto : une étiquette qui suscite plein d’espoirs tant le club lusitanien a sorti des pépites depuis le début du XXIème siècle. Mais Cassama rentre dans l’ombre, en N2, comme prévu. Il découvrira la Ligue 1 trois mois plus tard, lors de sa seule apparition dans le groupe pro de la saison 2018-2019. Ce sera à Angers, où il jouera 60 minutes derrière Rémi Oudin, en pur 10.

D’avril 2019 à janvier 2020, rien. Quatre petits tours sur le banc, dont trois en tout début de saison, c’est tout ce que l’ancien international portugais des -19 ans a pu se mettre sous la dent. Et puis, l’hiver venant, les titulaires en puissance se sont essoufflés, par l’accumulation des matchs et des émotions liées au parcours dans les coupes nationales. Alors Moreto a pointé le bout de son nez dans le cœur du jeu. Pour ne plus jamais en sortir, ou presque. Avec sept titularisations lors des neuf dernières rencontres de Ligue 1, Cassama a fait de 2020 son année.

Illustration des promesses du 4-3-3

Surtout, avec l’international bissaoguinéen dans son 11, le Stade de Reims s’est réinventé. L’historique 4-2-3-1 s’est progressivement mué en 4-3-3, avec un milieu composé de Chavalerin, Romao/Munetsi et donc Cassama. Et c’est là tout l’intérêt du bonhomme. Capable d’évoluer devant la défense comme derrière l’attaquant, l’ancien joueur de Porto offre une palette tactique large à un David Guion qui a tenté de se renouveler depuis le début de l’année civile.

Clinique dans ses passes, qu’elles soient courtes ou longues, capable de dribbler dans le rond central, Cassama est devenu le « quaterback » du Stade de Reims. Tous les ballons passent désormais par lui, comme aimantés. Surtout, ils repartent proprement de ses pieds et mettent ses coéquipiers dans de biens meilleures dispositions offensives. De quoi en faire une pièce à ne pas négliger.

A l’aise avec le ballon, il n’est pas en reste quand il s’agit de le récupérer. Malgré son physique frêle, Moreto va au mastic. Sangsue, poil à gratter des milieux adverses, il aspire la gonfle. De quoi assoir un peu plus le côté « forteresse » de son équipe.

S’il doit, à la reprise du football, confirmer qu’il peut être l’homme à tout faire des Rouge et Blanc, Cassama semble s’inscrire dans ce Stade de Reims ambitieux. S’il est trop tôt pour présager du mercato dans le sens des départs comme celui des arrivées, nul doute que la volonté de la bande à Jean-Pierre Caillot sera de montrer plus de jeu dans les mois à venir. Avec en tête de liste son numéro 23.