Le CCRB, pour franchir un pallier

Basket — par Julien Lampin, le 13 août 2018 (22:45)

Cédit photo : Elodie SAINTE

Ce lundi marquait le début d’un nouveau chapitre pour le CCRB. De retour sur les parquets, Cédric Heitz et ses hommes ouvraient officiellement une nouvelle campagne, avec la volonté de faire mieux que la saison passée, sans vouloir rêver trop haut. L’appétit viendra en mangeant.

C’est le diction qui le dit… L’appétit vient donc en mangeant. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le menu semble appétissant. Il suffit de regarder le pedigree des joueurs présents à la reprise du CCRB ce lundi pour saliver, au moins autant que les années précédentes. Certes, ils n’étaient pas tous là (Blake Schilb reviendra de sélection en fin de semaine, Jimmy Baron et Devin Ebanks règlent les derniers papiers administratifs tandis que Lou Adams devrait vite arriver s’il ne vit pas de nouvelles péripéties de transport). Mais à regarder l’adresse d’Alex Abreu, le gabarit de Johan Passave-Ducteil ou encore le sourire de Pape Badji, l’ensemble est alléchant.

L’ambiance était donc sereine, souriante et studieuse, ce lundi à René Tys. C’est une tradition de rentrée des classes. On sourit, on fait connaissance, on reprend les bases tranquillement. Tout va toujours pour le mieux à la rentrée. Surtout le CCRB apprend, désireux de grandir saison après saison. Fort d’un budget renforcé cette année (l’enveloppe a gonflé de 200.000 €, le club a su attirer des joueurs d’un calibre difficilement atteignable jusqu’alors. Le cas Jimmy Baron est à ce titre éloquent (lire l’itw ci-dessous). L’occasion d’anticiper la réforme de la LNB en 2019/20, lorsqu’on ne comptera plus que 16 clubs au plus haut-niveau. « On tend vers l’élitisme », constate le manager général Laurent Gaudré. Et le CCRB compte bien figurer longtemps parmi l’élite, comme l’indique le nom de la division.

Le CCRB pour grandir encore

14e de Jeep Elite lors du dernier exercice devra donc s’habituer à viser plus haut s’il ne veut pas connaître le couperet dans les années qui viennent. Il s’en donne peu à peu les moyens. Des joueurs au CV plus reluisant, et par la force des choses plus médiatiques, sans aller jusqu’à plus charismatiques. Mais force est de constater que les signatures de Joahn Passave-Ducteil et Blake Schilb ont suscité l’intérêt. Comme un changement d’air qui pourrait se répercuter vers une visibilité plus grande dans les médias. L’amitié qui lie Johan Passave-Ducteil avec Stephen Brun depuis leur titre de champion de Pro A pourrait pousser ce dernier à évoquer un peu plus le CCRB dans ses émissions sur RMC. Quant aux retransmissions TV, rien n’indique que les possesseurs de droits diffusent plus souvent le club marnais avant que la grande salle n’arrive. Mais le spectacle que pourrait offrir une équipe séduisante sur le papier peut tenter les diffuseurs. Il ne faudra toutefois pas rêver, le CCRB n’est pas Limoges, l’ASVEL, Strasbourg ou Monaco qui devraient se partager le gros des retransmissions.

Grandir c’est aussi s’entourer. En cela, le club marnais a élargi son staff, renforcé par l’arrivée de Frédéric Jaudon, déjà assistant de Cédric Heitz à Charleville. Chargé de visionner chaque adversaire pour préparer au mieux les matchs, il soulagera Anthony Stanford, tourné pour sa part sur une individualisation du travail avec les joueurs. « Ce n’est pas forcément une demande spécifique, mais une tendance qui se développe dans le basket de haut-niveau », justifie Laurent Gaudré. Un développement qui passera aussi par la communication. Une nécessité consenti par le club, aidé en cela par Clément Richet, notamment sur les réseaux sociaux.

Cédric Heitz :  » On a plus de garanties sur les joueurs « 

Cédric, parlez-nous d’abord de votre recrutement ?

Comme l’année dernière, je pense qu’il est intéressant. Les nouveaux venus sont de très bons joueurs, certains sont très connus, qui parlent aux gens et c’était ce qu’on recherchait aussi. Que ce soit Blake Schilb ou Johan Passave, ils représentent quelque chose dans le basket français, et on a beaucoup de chance qu’ils fassent partie aujourd’hui de notre effectif.

Est-ce qu’en un an, on apprend dans la construction de l’effectif, la façon de prospecter ou de négocier ?

Oui chaque année qui passe, on apprend. Et en théorie on devient meilleur, c’est le principe de l’expérience et il faut tirer les expériences passées. Je pense que cette année on s’est dirigé dans une direction excitante, avec des joueurs d’expérience et des chiens fous, des Français qui cadreront bien l’équipe dans le vestiaire et qui apporteront leur énergie défensivement sur le terrain et des étrangers talentueux, plutôt shooteurs et qui apporteront leur science du jeu.

Qu’est-ce qu’elle a de plus que l’an dernier cette équipe ?

Il y a plus d’argent. L’année dernière on avait construit une équipe avec le plus budget que le CCRB a eu en Pro A, donc automatiquement, avec des moyens limités, c’est difficile de monter le même genre d’équipe. Donc cette année on a réussi à attirer et par l’aspect financier et sportif des joueurs d’un calibre très intéressant.

Est-ce que ca veut dire que le CCRB a gagné en attractivité ?

Oui, tout à fait. Je pense que ce que l’on a montré l’année dernière a fait parler et attire non seulement les joueurs mais aussi les agents. beaucoup de personnes s’adressent à nous pour mettre leurs joueurs chez nous. On est connus maintenant pour notre style de jeu, rapide, attractif, spectaculaire. Ils veulent venir pour développer ce style de jeu et pour gagner des matchs parce qu’on a fait l’année dernière le 2e meilleur résultat de l’histoire du CCRB, et cette année on veut faire mieux. On a des bons joueurs, à nous de faire une belle équipe.

Crédit photo : Elodie SAINTE


Faire mieux, ce sont les play-offs ?

C’est un mot que je ne prononce pas. C’est difficilement accessible parce que c’est un objectif que beaucoup de clubs ont. C’est un peu comme viser le sommet d’une montagne avant de regarder devant soi et essayer de gravir les échelons les uns après les autres. On parlera de play-offs, si on doit en parler, au moment venu. Mais pas en début de saison.

Mieux, ca veut dire quoi alors ?

Déjà au-delà du résultat, faire plaisir aux gens et essayer d’avoir cette connexion qu’on a commencé à avoir l’année dernière où beaucoup de gens qui découvraient le basket sont revenus. C’est un objectif. Qu’ils viennent, les fidéliser et leur montrer que même si parfois il y a des moments difficiles, on peut leur proposer un spectacle intéressant pour passer une bonne soirée.

Le recrutement s’est accéléré ces derniers. C’était une volonté d’avoir tout le monde à la reprise ?

En fait on s’aperçoit que quand on se positionne très tôt sur le marché, les prix sont astronomiques et des joueurs sont inaccessibles. Je pense à Jimmy Baron qui faisait très tôt parti de ma short list, mais après en avoir parlé avec la cellule de recrutement, on m’a vite fait comprendre qu’il ne faudrait pas compter sur un tel joueur parce qu’il attendrait l’ouverture du marché espagnol et son tarif serait élevé. Et quand les places ont été prises en Espagne, les agents sont revenus vers nous pour nous proposer ses services

Personnellement, dans quel état d’esprit vous abordez cette nouvelle saison ?

Je pense qu’on a construit une équipe avec plus de garanties sur les joueurs. Ce sont moins des paris. Mais il faudra faire jouer tout le monde ensemble et qu’on atteigne ce niveau de cohésion indispensable à la performance. Avoir des bons joueurs ne suffit pas. C’est pour ça qu’on est dès aujourd’hui sur le terrain. On a aussi agrandi le staff et structuré le club pour progresser à tous les niveaux.

« Je ferai glisser le capitanat sur les épaules de Jo Passave, qui sont très larges » (sourire)

Le travail portera à quels niveaux les premières semaines ?

Il y aura le travail de cohésion, évidemment le travail fond en termes physiques. Brice Latruffe travaille déjà dans ce sens, et on sera très soucieux du bon fonctionnement de chacun à l’entraînement. On aura aussi 7 matchs de préparation, je pense que c’est un équilibre satisfaisant. On ne veut pas faire de tournoi ou enchaîner deux matchs sans entraînement entre parce qu’on doit à chaque fois être en mesure de tirer un bilan sur un match joué et tirer les enseignements pour être meilleur ensuite.

On parle toujours beaucoup des nouveaux, jamais de ceux qui restent, quel sera le rôle de Gédéon et Sadio ?

Déjà orienter les joueurs sur certains aspects techniques et puis aussi hors basket. On a deux joueurs qui ont montré leur dévouement, leur implication dans le projet. Et puis Sadio a cette jeunesse et ce potentiel qui est incroyable, c’est pour ça qu’on l’avait signé deux ans, et on va tenter de continuer dans ce sens là, avec aussi Louis Cassier qui fait aussi partie de cet avenir du CCRB en majuscules parce que c’est quelqu’un sur qui je compte et j’espère qu’on pourra rapidement mettre à profit toutes ses qualités. A moi de tendre la perche, à lui de la saisir. C’est toujours difficile de dire qui donne confiance à qui, c’est une dialectique complexe dans le milieu sportif. Mais je compte sur lui comme sur Jules Rambaut en 11e homme.

Qui sera le capitaine ?

Je pense que Jo Passave a un passé et une expérience très riche. Il a un âge qui représente la sagesse, donc on va faire glisser le capitanat sur ses épaules, qui sont très larges du reste. Gédéon, lui, continuera à faire ce travail très important pour l’équipe de traction comme j’aime à le dire et Jo sera la propulsion pour essayer de cadrer le vestiaire et pour aller dans une direction, celle de la victoire.