La folle ascension des recettes du trading pour le Stade de Reims
Football — par Julien Lampin, le 17 juillet 2022 (12:28)
Les années passent et les records tombent. Si le Paris SG a annoncé ce samedi un prêt d’un an pour la pépite rémoise Hugo Ekitiké, l’option d’achat pour l’année suivante est obligatoire et offrira au Stade de Reims une somme record pour un transfert : 36 millions d’euros avec bonus. Un montant qui conforte le club rémois dans sa stratégie de développement.
Il est loin le temps où Julien Féret permettait au Stade de Reims de recevoir 1,6 millions d’euros en signant à Nancy. C’était en 2008. Depuis le Stade de Reims a grandi, bien grandi, et le marché a été totalement bouleversé. Impossible donc, de comparer sommes et joueurs de générations différentes. Mais à analyser l’évolution du marché, le Stade de Reims a, qu’on le veuille ou non, appris et vite compris l’intérêt d’une politique de trading pour développer le club. Une stratégie basée sur un double développement parallèle illustrée par les plans « Horizons 2020 » et « Ambitions 2024 » : permettre au club d’exister sportivement grâce au développement structurel.
Car si beaucoup de suiveurs du club imaginent que la recette de vente de joueurs est systématiquement réinjectée dans l’achat de nouveaux joueurs, le Stade de Reims, préfère lui, investir dans la structuration constante du club. C’est ainsi que les 5,5 millions d’euros offerts par le FC Séville à l’été 2014 pour Gregorsz Krychowiak, ont permis d’amortir la construction du tout nouveau centre de vie de Bétheny. C’était alors, déjà, la plus belle vente de l’histoire du club. Huit ans plus tard, elle représente une modeste 8e place.
Axel Disasi détrôné
Cette politique de trading s’est surtout accélérée à partir de 2018, dès lors que le club s’est humainement et structurellement professionnalisé. Fort d’un centre de vie dont la qualité et les fonctionnalités sont nationalement reconnues, le club a également su investir dans des cellules performance, recrutement et formation qui font le succès du club aujourd’hui. Objectif ? Qu’une cellule de recrutement de qualité sache repérer des jeunes prospects à fort potentiel, de façon à ce que la cellule formation les amène au plus haut niveau à travers la Pro 2, et que la cellule performance permette de développer les aptitudes physiques nécessaires à une rapide intégration au haut-niveau.
Une politique qui demandait au staff du groupe pro un travail d’intégration des jeunes et qui a vite porté ses fruits. Le , le jeune Jordan Siebatcheu, habitué des titularisations en équipe réserve, dispute son premier match de Ligue 1 à Toulouse. Lors de la 1ère journée de la saison suivante, il inscrit son premier but en pro et permet aux Rémois de battre Bordeaux (2-1). Prêté à Châteauroux pour accélérer son développement, le jeune attaquant rémois se révèle lors de la saison historique réalisée par les Rémois, alors champions de Ligue 2. Résultat : 17 buts, 7 passes et un titre de champion de L2. Il n’en faut pas plus pour faire monter les enchères. C’est finalement Rennes qui l’emporte pour un nouveau montant record pour Reims : 9 millions d’euros.
La trajectoire est identique pour le jeune Rémi Oudin. En prenant la relève de son ex-coéquipier alors breton, Rémi Oudin réalise de solides performances pour sa première saison en Ligue 1 en 2018-19 (10 buts, 4 passes). Les dirigeants du Stade de Reims flairent la bonne affaire, et imaginent un nouveau trade. Mais les transactions n’aboutissent pas à l’été 2019. Perturbé par son transfert avorté, le jeune attaquant parviendra tout de même à inscrire 3 buts durant la première partie de saison 2019-20, et ne perd quasiment rien de sa belle côte. Bien inspirés, les dirigeants rémois travaillent alors en coulisses à la vente de leur attaquant, avant de le laisser libre en juin. Reims s’accorde alors avec Bordeaux sur un nouveau montant record, qui franchit cette fois les 10 millions d’euros.
Le covid n’inverse pas la courbe au contraire
L’arrêt du championnat à cause du Covid a pu faire baisser la valeur de plusieurs joueurs. Mais auteurs d’une très bonne saison avant l’arrêt covid, les joueurs du Stade de Reims, surprenants qualifiés pour les tours préliminaires de l’Europa League, gardent une belle côte. Axel Disasi, notamment, connaît une ascension fulgurante. De son premier match en pro en Ligue 2, il a vite gravi les échelons au sein de la défense rémoise en Ligue 1. Pas apeuré à l’idée de remplacer Bjorn Engels, parti pour une belle somme en Angleterre, le jeune défenseur français forme avec Yunis Abdelhamid, une des paires les plus solides du championnat. De quoi attirer l’oeil de Monaco qui souhaite renforcer son arrière-garde. Les discussions sont difficiles, parfois tendues. Mais sur un ultime échange, le Stade de Reims parvient à obtenir 13 millions d’euros par Monaco plus 2 de bonus. L’été dernier, c’est Boulaye Dia, découvert en National 2 et dont l’ascension fut elle aussi fulgurante sur le front de l’attaque rémoise, qui, en signant à Villareal, permettait au club champenois d’encaisser 12 millions d’euros supplémentaires.
Fort de ces belles opérations comptables, le club continue ainsi son développement structurel (pelouse de Delaune, construction d’un bâtiment spécifique aux féminines..) et sportif. Désormais installé en Ligue 1 (le club s’apprête à disputer sa 5e saison dans l’élite, un record dans l’histoire moderne du club), le Stade de Reims est aujourd’hui capable d’attirer, en plus des jeunes prospects de mieux en mieux côtés, des joueurs à la valeur et au CV plus important. C’est le cas ces trois dernières années avec Valon Berisha (4,5 millions), Predrag Rajkovic (5 millions) et plus récemment Jens Cajuste (10 millions). De quoi permettre au club rémois de franchir un cap sur le terrain. Faut-il encore que le rendement des joueurs concernés soit à la hauteur des espérances.
Avec le transfert record d’Hugo Ekitiké au PSG, la stratégie de développement du club franchit un palier supplémentaire, permettant d’accélérer encore ses investissements. Sportifs certainement tant il pourra être plus attractif et plus en phase avec la concurrence, mais aussi structurels. De nouveaux travaux sont attendus à Delaune. Ils permettront là aussi une croissance des recettes avec davantage de partenaires espérés. Une croissance constante, exponentielle financièrement, mais jusqu’où ? Personne ne le sait à l’heure actuelle. Dans le projet « Ambitions 2024 », le club visait une pérennisation en Ligue 1 avec des top 10 réguliers, voire une éventuelle qualification européenne. Il faudra certainement attendre le projet 2024-2028 pour connaître les réelles intentions du Stade de Reims dans le futur.
CLASSEMENT DES DEPARTS RECORD DU STADE DE REIMS
- Hugo Ekitiké (au PSG en 2022) : 36 millions d’€
- Axel Disasi (à Monaco en 2020) : 15 millions d’€
- Boulaye Dia (à Villareal en 2021) : 12 millions d’€
- Rémi Oudin (à Bordeaux en janv 2020) : 10 millions d’€
- Jordan Siebatcheu (à Rennes en 2018) : 9 millions d’€
- Bjorn Engels (à Aston Villa en 2019) : 8 millions d’€
- Edouard Mendy (à Rennes, en 2019) : 7 millions d’€ (hors % à la revente)
- Grzegorz Krychowiak (à Séville, en 2014) : 5,5 millions d’€ (hors % à la revente)
- Nicolas De Préville (à Ostende, en 2016) : 4,5 millions d’€
- Hassane Kamara (à Nice, en 2020) : 4 millions d’€
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