Balthazar Kadiyogo « J’étais confiant en arrivant sur la compétition »

Athlétisme — par Clémence Kolb, le 2 février 2022 (10:38)

Auteur d’un bond à 2m08 le week-end dernier à Hirson, le jeune Balthazar Kadiyogo a retrouvé sourires et ambitions. D’autant que ses tentatives suivantes laissent à penser qu’il peut aller encore plus haut. Entretien…

Tu t’es imposé au meeting international d’Hirson, avec un saut à 2m08. Comment tu appréhendes la performance ? 

Je n’allais pas sur le meeting pour gagner, mais surtout pour trouver des sensations et voir ou est-ce que j’en étais sur un élan complet avec de la concurrence. Sur un meeting comme celui-ci, il y a pas mal de monde donc je sais que cela me tire vers le haut. Gagner était possible, sur le papier je n’étais pas forcément le favori mais j’ai tiré mon épingle du jeu et me suis imposé..

Tu as réalisé un autre saut à 2m10 mais il n’a pas été homologué, tu peux nous expliquer pourquoi ?

La petite histoire derrière, c’est que je gagne le concours national du meeting et le soir il y a le concours international qui regroupe tous les professionnels. Etant gagnant du premier concours, j’ai dû faire un saut d’ouverture pour le second. Tous les ans, le sauteur choisit quelle barre il veut tenter. En général ce sont des barres basses pour réussir et faire le show. Mais vu que je suis joueur, j’ai demandé une barre au dessus de mon record personnel, au culot, et c’est passé.

Tu as mis l’ambiance dans la salle après ce saut. C’est galvanisant le bruit du public ? 

Le meeting est connu pour sa forte ambiance donc forcément on est motivé et ça ne peut qu’aider pour franchir des barres hautes. Personnellement, j’aborde mes compétitions de façon plus décontracté. Si je me recentre dans mes concours, je m’enferme sur moi même et ça ne peut pas m’être bénéfique, j’aime avoir l’esprit assez libre.

« Mes sauts passaient tous assez facilement donc ça ne peut que donner de la confiance pour la suite du concours »

Il y a forcément une partie physique mais également une partie mentale. Quand tu te présentes devant une barre si haute, qu’est-ce que tu te dis ?

Pour ce week-end, j’ai fais une dernière séance jeudi, qui était plutôt bonne, ce qui fait que j’étais assez confiant en arrivant sur la compétition. Mon objectif en premier lieu était de prendre du plaisir sur mes sauts, donc j’ai commencé à 1m90, ce qui est relativement bas, puis j’ai sauté toutes mes barres. Mes sauts passaient tous assez facilement donc ça ne peut que donner de la confiance pour la suite du concours.

Est-ce que tu as une étape du mouvement du saut où tu vois une marge de progression ?

Personnellement ce serait plutôt la phase de décollage. Quand on arrive vers la barre, il faut forcément de la vitesse pour monter et j’ai du mal à gérer cette vitesse et la transformer en force verticale donc j’ai tendance à avancer de façon horizontale. Je travaille là dessus et ça va de mieux en mieux.

Est-ce que ça a un rapport avec les repères que l’on se met ?

Ça peut jouer en effet. J’ai eu tendance les dernière semaines à rapprocher mon point d’impulsion donc sauter au plus proche de la barre pour me forcer à monter.

« Dans un concours, commencer par un échec ce n’est pas dramatique »

Quand tu commences un concours par une barre que tu rates, même si tu réussis les autres, est-ce que dans l’influx nerveux c’est quelque chose qui marque pour le reste du concours ?

Il y a eu une période où je commençais mes concours par des échecs peut importe la barre que j’avais. On se remet dedans puis après ça va tout seul, donc ça dépend des gens je pense. L’erreur est humaine donc commencer par un échec ce n’est pas dramatique.

Le choix de la barre est-il stratégique pour le mental ?

Ça dépend encore une fois des sauteurs. Il y en a qui aiment se transcender donc ils vont commencer sur des barres très très hautes et d’autres qui ont besoin de sauter plus bas pour se rassurer.

Il y a quelque chose d’excitant dans cette dramaturgie qu’est le saut en hauteur, dans l’histoire que chaque concours raconte ?

C’est toujours bon enfant. Par exemple sur le meeting international, gagné par un Néerlandais, il y a eu un petit moment d’adversité, toujours gentil, avec le deuxième où ils se renvoyaient la balle en comparant leurs hauteurs de barre. Ça arrive dans toutes les épreuves mais celles à barres sont plus drôles, ça peut avoir un aspect psychologique car on peut jouer là dessus avec nos adversaires pour les avoir mentalement.

Quelles sont tes prochaines échéances ?

Le 5 février à Amiens, j’ai le meeting de sauts qui regroupe hauteur, longueur et triple saut. Ensuite j’ai les championnats de France Espoir le week-end du 12/13 février, qui est vraiment mon objectif principal. Si je veux ma qualification aux Elites, il faudra faire une barre à 2m12 mais on est vraiment tous serrés.