David Kuster : « Le gros changement durant le confinement, c’est que j’ai changé de coach »

Loin des turbulences et de l’atmosphère anxiogène de la ville, David Kuster a vécu son confinement avec sérieux et sérénité. L’occasion pour lui d’opérer des changements nécessaires à son développement. Désormais coaché par Laurent Heitz, le marcheur rémois a retrouvé des repères qui lui permettent d’être ambitieux. Entretien…

David, on te sent déjà particulièrement affûté. Tu confirmes ?

Oui, ca va plutôt bien. L’entraînement se passe bien et j’ai hâte de retrouver la compétition. Le confinement a permis de prendre le temps de réfléchir sur tout ce qu’on fait, la préparation, ça a permis de se rendre compte de certaines choses et de les modifier, donc je pense que malgré le contexte forcément triste, ça a été une période bénéfique sur ces points-là.

Pour quelqu’un de très organisé comme toi, le confinement a du être bien géré ?

Oui, pour moi, ça s’est très bien passé. J’avais la chance d’être confiné à la campagne, un peu au milieu de nulle part, chez mes parents. Donc j’avais mon rythme chaque jour, j’arrivais à faire ma petite sortie le matin, et l’après-midi, la préparation physique. Les journées se suivaient et se ressemblaient pas mal, mais ça me permettait de ne pas m’ennuyer et de ne pas plonger dans une spirale négative. Alors c’est vrai qu’à la fin c’était un peu long parce qu’on n’avait plus les repères de semaine, mais dans l’ensemble, c’est une période que j’ai très bien vécu.

Quels sont les changements qui résultent de cette période ?

Le gros changement, c’est le coach ! Après ma rupture avec Gilles Rocca, c’était mon père qui avait repris le flambeau. Mais la période nous a fait réfléchir et il m’a avoué qu’il n’était pas coach de base et que s’occuper de moi quand j’étais plus jeune ça allait, mais il disait qu’il commençait à se sentir limité, donc j’ai choisi Laurent Heitz. Il est reconnu dans la marche, qui est du côté de Dijon en Bourgogne. J’ai commencé une collaboration avec lui depuis le début du confinement. Le fait qu’il n’y ait pas de compétition, on a pu prendre des repères.

ENTRETIEN COMPLET (à partir de 22’45)

Belle histoire de franchise entre un père et son fils…

C’est vrai que c’était un peu moi qui lui avait imposé de me reprendre, parce que j’avais perdu mes repères après ma collaboration avec Gilles, donc je me suis tourné vers la figure paternelle qui m’avait déjà entraîné, ce qui était pour moi quelque chose de rassurant parce que ça avait bien marché avec lui la première fois et je savais que je travaillais bien. Et là effectivement, il m’a dit qu’il ne sentait pas avoir les compétences et il ne pouvait pas s’investir à fond là-dedans donc au final, c’est une bonne chose. J’ai un entraîneur réputé, qui entraîne Kevin Campion, qui est actuellement le meilleur marcheur sur 20Km. Je suis quelqu’un qui a du mal à faire confiance, mais là, son expérience, c’est aussi rassurant. Je connais déjà Laurent, et le courant passait bien.

Et quels sont les impacts sur tes engagements à Reims ?

Aucun. Je reste Rémois, je reste à l’Efsra, je me sens vraiment bien ici. J’ai un bon cadre de vie, donc vraiment non, il n’a jamais été question que je parte de Reims, donc je reste Rémois.

Du coup, à distance, comment ça peut se passer pour travailler la technique ?

Laurent va surtout beaucoup m’entraîner sur le côté physique à distance, et sur le côté technique, je continue de travailler depuis cet hiver avec Richard Weber, qui est sur Reims, ça, ca ne change pas. Donc ils communiquent beaucoup entre eux et Richard, sur le terrain, travaille les parties techniques. Les effets se ressentent déjà. Techniquement, je me sens beaucoup mieux.

« Je ne me vois pas encore comme marcheur de 50 ou de 20Km. Pour l’instant je fais encore les deux jusqu’à l’année prochaine de façon sûre. J’arrive dans ma dernière année Espoir et l’année prochaine il y a les championnats d’Europe espoirs, ce sera sur 20Km, ce sera un vrai objectif. »

Quelles sont tes nouveaux objectifs suite à ces changements ?

L’objectif, c’est de refaire un 50Km à l’automne, début octobre à Tilburg (Pays-Bas), ce sera mon objectif de 2020. Je participerai aussi sûrement aux France Elite sur le 10.000m et à un 5000m au meeting de Thaon-les-Vognes le 12 juillet. Et la semaine d’après, j’irai en Suisse, à Montreux, pour participer à un 10.000m piste. L’idée ce sera vraiment de remettre un dossard, de reprendre l’habitude de la compétition et retrouver tous ses automatismes. Et puis ce sera une occasion de se tester, même si ça n’a rien à voir avec du 50Km, mais c’est important de remettre un dossard et de se remettre dedans.

Tu as prévu de te spécialiser sur une distance ou pas encore ?

Je ne me vois pas encore comme marcheur de 50 ou de 20Km. Pour l’instant je fais encore les deux jusqu’à l’année prochaine de façon sûre. J’arrive dans ma dernière année Espoir et l’année prochaine il y a les championnats d’Europe espoirs, ce sera sur 20Km, ce sera un vrai objectif. Là cette année, il n’y a pas grand chose, donc je peux me permettre un 50Km en octobre. Après on ne sait toujours pas quelle sera la distance olympique après les jeux de Tokyo, est-ce qu’on restera sur 50 ? Est-ce qu’on passera à 30 ou 35 ? Pour l’instant ça reste très flou.

Dans ta progression, tu te fixes plutôt des temps ou des places ?

Aucun des deux en fait. J’essaye de progresser le plus possible, de ne pas me blesser. La progression n’est pas linéaire d’une personne à l’autre donc c’est difficile de prévoir. J’estime que ça rajoute de la pression. Je travaille dur et après on verra ce que je fais.