Malika Tahir : « Cette période, c’est presque un mal pour un bien »

Sports de glace — par Julien Lampin, le 10 juin 2020 (22:08)

Comme indiqué dans un précédent article, trois patineuses du Club de Patinage Artistique de Reims (Eve Dubecq, Lola Ghozali et Lorine Schild), toutes les trois listées par le Ministère des Sports, sont à Courchevel pour préparer la prochaine saison, encore pleine d’incertitudes. Rencontre avec leur entraîneure, Malika Tahir…

Malika, comment s’est passée la période de confinement pour les jeunes patineuses du CPAR ?

On a fait beaucoup de travail en visio, avec beaucoup de travail en spécifique, avec des rotations, des sauts, qui sont propres au patinage. A côté de ça, elles ont eu un suivi par une chorégraphe qui est aussi spécialiste des mouvements du corps et on a fait aussi un travail de préparation mentale à la reprise, parce qu’on savait que les filles auraient peut-être des frustrations au moment de la reprise. De la même façon, elles mettaient les pieds dans les patins 30 minutes par jour, pour qu’elles soient le plus possible prêtes à la reprise.

A quoi ça servait de mettre quand même les patins sans la glace ?

En fait, les patins, ce ne sont pas des chaussures qui sont hyper confortables. Et avec les patins, le corps fabrique des peaux plus épaisses pour protéger les contacts justement avec la chaussure, et si pendant un moment, on ne met plus les pieds dans les patins, en fin de compte, la peau protectrice se ramollit et ça donne des ampoules à la reprise.

La compétition s’est arrêtée au moment de partir pour les championnats de France minimes. Quel sentiment ça a généré chez les jeunes ?

Pour les jeunes, c’était dur, parce qu’on devait partir pour les championnats le vendredi après-midi, et le midi on apprend que toutes les patinoires allaient fermer. Donc oui il y a de la frustration parce que les jeunes s’étaient préparés. Mais après coup, ils ont compris que c’était une problématique mondiale, donc comme tout le monde, ils se sont fait à l’idée.

« Je suis fier du travail qu’elles produisent »

Comment s’est déroulée l’opportunité de reprendre l’entraînement à Courchevel pour trois des pensionnaires du CPAR (Eve Dubecq, Lola Ghozali et Lorine Schild) ?

Au début, l’idée était de reprendre à Reims, mais malheureusement, ça n’était pas possible. Et dès lors que j’ai appris que le sport pouvait reprendre, j’ai contacté plusieurs patinoires dont Courchevel où j’ai quelques connaissances. C’est la patinoire qui a rouvert le plus tôt, et ça nous a permis, avec des conditions particulières, de s’entraîner à nouveau. On a des heures de glace qu’on partage avec d’autres clubs, et à côté de ça, la Fédération a réservé des heures de glace pour les listés relève, junior et Elite.

Dans quelles condition sont revenues les filles ?

Franchement, très bien. En tout cas mieux que ce que je pensais. Elles sont restées très affûtées. Après on a mis tellement de choses en place durant le confinement qu’on n’a pas le temps de faire habituellement. Elles ont fait un gros travail sur le mouvement du corps, elles ont travaillé au sol leur programme en chorégraphie, le travail de préparation mentale, d’habitude on n’a pas le temps de le pousser autant. C’était presque que c’était un mal pour un bien. Et pendant ce stage, pour l’instant, il n’y a pas de creux, donc je suis plutôt agréablement surprise.

Quels objectifs leur sont fixés pour la suite ?

Déjà que la qualité des rapports à l’entrainement ne se détériore pas à l’adolescence, qu’elles mettent en place cette motivation intrinsèque, c’est une période charnière pour ça, et puis qu’elles prennent du plaisir pour qu’elles continuent à progresser.

Sauf que là, vous n’avez encore aucune visibilité pour une reprise de la compétition…

Non, l’ISU, la Fédération Internationale n’arrive pas encore à se positionner pour savoir sur quelles échéances les compétitions pourront avoir lieu, dans quelles conditions, est-ce que pourra aller à l’étranger, pour l’instant, personne ne sait. Donc de toute façon on se prépare, c’est important pour des sportifs qui ont l’habitude d’avoir des objectifs, de conserver des repères et des échéances même si elles sont entre parenthèses, et on prendra les choses comme elles doivent venir.

COURCHEVEL, CHÂLONS PUIS CHAMONIX

Eve Dubecq, Lola Ghozali et Lorine Schild ne devraient pas chômer durant l’été. A Courchevel pour la reprise jusqu’au 20 juin, les trois jeunes Rémois retrouveront ensuite la Marne et la patinoire de Châlons si celle-ci confirme sa réouverture prochaine. « Elles y feront un stage de patinage pur avec une prof de danse sur glace », prévoit Malika Tahir. La coach du CPAR retrouvera ses protégées en stage d’été du 13 juillet au 1er août à Chamonix.

Un stage estival ouvert à tous niveaux avec des groupes de 10 ou 20 personnes en fonction des directives gouvernementales prochainement annoncées, « en sachant qu’on est sur une piste 60x30m donc il y a de l’espace », affirme l’entraîneure rémoise. Plusieurs formules sont possibles sur les 6 jours d’entraînements par semaine, de 2 à 4 séances de glace + 1 séance de sol, au choix sur 1, 2 ou 3 semaines.