Campus Sport Club – La guerre froide avec le Hockey sur glace
Campus, Sports de glace — par Fabien Moretto, le 12 juin 2020 (16:07)
A la fin de la deuxième Guerre Mondiale, s’ouvre une période de lutte d’influence entre l’URSS et les Etats-Unis, deux nations aux fonctionnements politique et économique diamétralement opposés. C’est la période de la guerre froide. De 1947 à 1991, ces deux nations vont s’affronter sans directement faire la guerre. Avec le jeu des alliances, deux blocs se font face : l’Ouest dominé par les USA et l’Est dominé par l’URSS.
En fonction des crises et des hommes au pouvoir, la guerre froide alterne périodes de tensions très fortes (la crise des missiles de Cuba en 1962 par exemple) et de détente. Au tournant des années 1980, les tensions sont fortes, le président américain Ronald Reagan fait, par exemple, installer des missiles nucléaires en Allemagne de l’Ouest pour répondre aux missiles installés à l’Est par l’URSS qu’il qualifie en passant « d’Empire du mal ».
De fait, les terrains d’affrontement seront multiples : la diplomatie, la culture, la science et donc le sport. Chaque rencontre sportive opposant les deux camps devient immédiatement un temps de propagande et un enjeu plus important que la simple victoire : il faut affirmer sa supériorité sur l’ennemi.
course effrénée aux médailles
C’est dans ce contexte que s’ouvre les Jeux olympiques d’hiver de 1980 à Lake Placid, au Nord Est des Etats-Unis. Dès le début de la guerre froide, chaque olympiade est le lieu d’une course aux médailles effrénée entre Soviétiques et Américains. Certains sports revêtent alors une importance symbolique. C’est le cas du hockey sur glace, sport majeur dans les deux nations. La sélection russe, la Red Army (ce qui n’est pas qu’un surnom, la sélection dépend de l’armée, les joueurs sont considérés comme des soldats), domine le hockey mondial. Le championnat professionnel américain, la NHL est le plus attractif au monde, le plus médiatisé, quasiment au même titre que la NBA.
Toutefois si l’URSS aligne la meilleure équipe du monde, les Américains doivent faire sans les stars professionnelles de la NHL car le règlement olympique d’alors n’autorise pas leur participation. Ils doivent donc jouer avec les meilleurs joueurs universitaires. Le tournoi se déroule en deux poules successives. USA et URSS se qualifient facilement et se rencontrent lors du premier match de la poule finale. Les Soviétiques sont les grands favoris mais, à la surprise générale, sont battus 4-3 par les jeunes Américains. Ce match est surnommé « Miracle sur glace ». Les USA empochent la médaille d’or et signent un exploit tel qu’il marque la mémoire commune. C’est une victoire contre l’ennemi communiste qui devient une référence populaire, on en parle dans X-Files, Américan Dad, on en fait des films…
Kovin, un héros de 84 à Reims
A Moscou, au contraire c’est vécu comme une humiliation au delà du sport. C’est pourquoi la Red Army va s’entraîner encore plus dur en vue de la prochaine Olympiade. Les hockeyeurs russes vivent en caserne onze mois sur douze, subissent des entraînements militaires quotidiens et la surveillance du KGB, le service de renseignement et la police politique du régime soviétique. En période de guerre froide, le sport est aussi une guerre alors on se prépare en conséquence.
En 1984, les J.O. d’hiver se déroulent à Sarajevo, en Yougoslavie, pays communiste mais indépendant de l’URSS (le pays a éclaté dans les années 90 pour former aujourd’hui la Bosnie-Herzegovine, la Serbie, la Croatie, le Monténégro, la Slovénie, la Macédoine du Nord et le Kossovo). Les Russes veulent laver l’affront de 1980 et restaurer la grandeur soviétique sur la glace. Ainsi, ils écrasent le tournoi, en remportant tous leurs matchs (58 buts marqués, pour seulement 6 encaissés). Point d’orgue, une victoire 2-0 contre le Canada, l’autre grande nation mondiale du hockey. L’URSS fête à son tour cette victoire comme une victoire du communisme sur le bloc de l’Ouest. C’est un outil de propagande. Quelques mois plus tard, l’URSS et une quinzaine de pays du bloc communiste boycotteront les J.O. d’été de Los Angeles.
Vladimir Kovine, légende des Flammes Bleues de Reims puis des Phénix, toujours éducateur à Reims faisait partie de cette équipe. Il avait profité de la période d’ouverture et d’apaisement instaurée par Mikhaïl Gorbatchev, devenu dirigeant de l’URSS en 1985 pour rejoindre l’Ouest et le club rémois.
Crédit image : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:USA_-_Soviet_Union_1980_match.jpg?uselang=fr
- 🎙️ PODCAST – Sport Club, le talk du 9 septembre 2024
-
08/09/2024 Résultats📅 RESULTATS – Week-end du 6 au 8 septembre 2024
-
07/09/2024 Handball📄 Les filles du Reims CH renversées par Villemomble en entame de saison
-
07/09/2024 Handball📄 Saint-Brice Courcelles, si près, si loin face à Rouen pour sa première en N1
-
06/09/2024 Football📄 Le Stade de Reims féminin renforce son milieu de terrain avec Kayla Adamek
-
06/09/2024 Agenda📆 AGENDA – Week-end du 6 au 8 septembre 2024
- 🎙️ PODCAST – Sport Club, le mag’ du 5 septembre 2024
-
04/09/2024 Sports de raquette📄 Déception pour Lucas Créange aux Jeux Paralympiques