Comment faire le bilan de son confinement ?

Divers — par Julien Lampin, le 18 mai 2020 (16:03)

Après une semaine de déconfinement, nombreux sont les sportifs qui, en reprenant doucement l’activité, se sont rendus compte de leur perte de performance. Certains doutent, d’autres ont perdu motivation. Alors avant de tenter de se projeter à nouveau, l’heure est d’abord au bilan. Pas toujours simple. Conseils avec Antoine Menet (à droite sur la photo), hypnothérapeute et préparateur mental.

Antoine, d’abord, est-ce que le déconfinement est synonyme automatiquement de bout du tunnel ou ça peut signifier de nouvelles angoisses ?

Bien sûr que ça peut générer de nouvelles angoisses. Tout situation inconnue est potentiellement stressante. Notre cerveau déteste en général l’inconnu parce qu’il ne sait pas le modéliser. Donc il ne sait pas s’il a les ressources pour faire face. Du coup, il va générer des réactions de stress, de fuite. Dans un premier temps, l’idée c’est de se rendre compte : quelle est la situation ? Quelles sont mes certitudes ? Par exemple, j’ai une certitude sur le fait que je puisse à nouveau courir aussi longtemps que je veux et quasiment où je veux. Je sais aussi que pour les salles de sport je dois encore attendre, etc. Ensuite, dans un 2e temps, il faut agir, se remettre en action avec les infos qu’on a, de se replonger dans sa routine, quand c’est possible.

Doit-on dresser le bilan du confinement, et si oui, comment ?

C’est une bonne question, parce que ce n’est pas une question facile à aborder. On a eu tendance, un peu par enthousiasme, et c’est normal après deux mois de confinement, de partir parfois un peu dans tous les sens. Mais il faut avoir la discipline de se dire : « OK, avant de repartir, c’est important de faire un bilan ». C’est important pour deux choses. D’abord parce que notre état mental va conditionner ce qu’on va pouvoir faire maintenant, donc c’et primordial de savoir où on en et de notre état mental. Mais aussi on sait que le confinement peut aussi revenir en fonction de l’évolution sanitaire. Donc on doit être capable de se dire, si ça arrive à nouveau, qu’est-ce que je fais ? Et pour répondre à cette question, il faut passer par un bilan. Ou en suis-je sur tous les plans ? Au niveau physique, de mes émotions, de ma vie pro, afective, etc. La 2e partir du bilan c’est de se demander qu’est-ce qui s’est bien ou mal passé durant mon confinement. Ca permet de se projeter sur deux choses : qu’est-ce que je veux changer dans mon quotidien pour la suite ? Et qu’est-ce que je dois modifier en cas deconfinement ?

« Tirer de l’énergie des choses positives pour mieux gérer les choses plus compliquées »

Comment ce bilan doit être réalisé concrètement ?

Pour celui qui est seul, il suffit de prendre une feuille et de noter 5 catégories : physique (comment on se sent), mental et émotions (est-ce que je ressens une certaine fatigue psychique, suis-je découragé ou alors suis-je déterminé, envie de sortir, de gagner, etc…) relationnel de manière large, professionnel et la question matérielle. Et sous chacun de ses catégories, on attribue une note sur 20. Il y a un double intérêt à cet exercice. Je sais où placer le curseur, ca permet d’avoir une bonne vision de chaque catégorie et de les séparer. Par exemple, si pendant le confinement, j’ai eu des problématiques relationnelles, ça aura tendant à prendre toute l’importance, et on se dira de manière générale que ça ne va pas. En séparant ces catégories, on s’apercevra que la situation est moins catastrophique. Ca remet les choses à leur place, et ça permettra de tirer de l’énergie des choses qui vont bien pour mieux gérer les choses plus compliquées.
Une fois que ces notations sont réalisées, on est en capacité de décider quelles sont les choses à conserver, à améliorer ou à ne pas reproduire.

Les humeurs, les émotions étant différentes en fonction du moment de la journée, est-il judicieux de réaliser ce bilan en une seule fois ?

C’est le grand jeu de la gestion des émotions, c’est-à-dire de faire en sorte d’être conscient de nos émotions sans que celles-ci influent sur nos actions. C’est la définition même de la motivation : réussir à faire quelque chose qu’on a décidé quand on était dans une bonne émotion et la faire même quand l’émotion est passée. La clé c’est effectivement de se dire mon état émotionnel va changer ma perception des choses et ma capacité d’action. Ce que je propose, c’est de faire le bilan en une fois, de se poser et tout mettre sur le tapis, puis de poser la feuille, de mettre des choses en place et d’y revenir quelques temps plus tard, quand on le juge nécessaire. La 2e fois, refaire le même bilan sans regarder la première feuille puis de la comparer. Ca permet de savoir si les choses mises en place après le premier bilan ont permis d’améliorer vraiment la situation.