Margaux Okou : « Les joueuses doivent être entendues et considérées »

Basket — par Julien Lampin, le 29 avril 2020 (16:35)

Membre du comité directeur du SNB, le Syndicat National des Basketteurs, Margaux Okou, joueuse du Reims Basket Féminin, patiente tant bien que mal en attendant de pouvoir reprendre son activité. Plus que de devoir digérer une fin saison troublante, c’est surtout le manque d’informations et d’échanges avec la FFBB, qu’elle regrette. Elle, comme l’ensemble des joueuses de LFB et de LF2, réclament une plus grande considération à l’avenir.

Il a d’abord fallu encaisser. En pleine euphorie après la dernière victoire contre Mondeville au bout du suspens, les joueuses du Reims Basket Féminin devaient soudainement s’arrêter de pétiller, elles aussi prises dans le tourbillon créé parce qu’on appellera bientôt le Covid-19. L’évanouissement d’un rêve. Celui, pourquoi pas, de mener cette aventure sportive et humaine jusqu’en LFB, l’Elite du basket féminin français. « Ca a été brutal et assez difficile à vivre, témoigne Margaux Okou. On était sur une belle lancée, on faisait une belle saison, et à vrai dire, en suivant les décisions des autres fédérations sportives, on espérait que la FFBB augmenterait les poules et qu’on puisse monter. » La deuxième lame est survenue quelques jours après le report des matchs. Par voie de communiqué, la FFBB annonçait l’arrêt définitif des championnats avec saison blanche, sans montée, ni descente. « Ca a été assez violent. D’un coup on apprend que c’est terminé, on reprend les mêmes et on recommence. »

Un coup d’autant plus dur à encaisser qu’à entendre la Rémoise, les joueuses, au même titre que les coachs ou les clubs, ne sont pas entendues. « On est quand mêmes les actrices majeures de ce sport, précise l’ancienne Niçoise. Ce devrait être normal que l’échange soit au moins participatif, avec tous les acteurs de notre discipline. La fédération ne peut pas tout décider sans nous. Surtout en LF2, on est dévalorisées. On a été surprises du décalage de décision entre LFB et LF2. D’accord, nous ça s’arrête, mais pas la LFB. Pourquoi ? Quelles différences ? On a l’impression d’être une ligue oubliée, alors que chaque année, en temps normal, une équipe rejoint la première division. »

Le SNB intégré au projet LFB 2024 ?

Dès lors, plusieurs questions se posent naturellement. Quels sont les plans ? Quid des conditions de reprises sanitaires et contractuelles ? Depuis plusieurs semaines déjà, les joueuses sont, comme beaucoup, au chômage partiel. Des discussions sont en cours pour connaître les leviers à activer pour que les clubs puissent honorer les contrats. « A Reims, on a la chance d’avoir un Président qui nous tient informées régulièrement et a su nous rassurer sur notre situation. » se félicite la joueuse de 29 ans.

Mais là encore, là encore, le SNB, qui défend les intérêts des joueuses et joueurs, regrette le manque d’informations qui laisse beaucoup de joueuses dans l’angoisse. « On ne sait rien, regrette Margaux Okou. On comprend que c’est difficile de prévoir et que tout le monde navigue à vue, mais qu’au moins on nous présente les scénarios éventuels. On entend beaucoup de choses, qu’en septembre ou octobre on n’est pas sûres de reprendre, etc. Et que se passe-t-il si une joueuse attrape le virus ? » Autant d’incertitudes difficile à gérer pour bien des joueuses. Encore plus peut-être pour les plus jeunes, moins riches de l’expérience nécessaire.

« On aimerait être consultées et qu’il y ait des échanges avant que des décisions soient prises. Qu’on ait une voix », Margaux Okou

Pour autant, il n’est pas trop tard bien faire. A ce titre, le SNB semble convaincu que la crise actuelle pourrait être salutaire pour améliorer les choses à l’avenir. « Pour le coup, c’est une opportunité, avance la native de Biarritz. Je sais que la LFB a mis en place le projet LFB 2024. C’est le moment de poursuivre les réflexions. Ce serait bien que le SNB puisse y être associé pour partager notre vision sur comment les joueuses imaginent l’évolution de la Ligue. » L’occasion aussi de remettre à plat les relations avec la FFBB. Si les statuts (internationales, étrangères…) peuvent paraître disparate, les joueuses, à travers le Syndicat National des Basketteurs fait le voeu d’une écoute réelle de la Fédération. Mise en valeur en terme de communication, meilleure médiatisation, échanges réguliers, amélioration des visites médicales, protection des contrats… Le chantier d’amélioration semble vaste et montre combien il devient urgent de mettre en place des accords collectifs pour la protection des actrices de la balle orange. La crise actuelle pourrait y pousser car la priorité est claire : « On aimerait être consultées et qu’il y ait des échanges avant que des décisions soient prises. Qu’on ait une voix« .

➡ Le communiqué du SNB