Julien Pincemin : « Je suis dégoûté »

Basket — par Julien Lampin, le 29 mars 2020 (17:00)

Crédit photo : Elodie SAINTE

Quelques heures après l’officialisation de la fin du championnat de LF2 par la Fédération Française de Basket Ball, Julien Pincemin, l’entraîneur des Pétillantes du Reims Basket Féminin avait le coeur gros. Sans remettre en cause l’évidente fin de saison, il regrette le manque de discernement des dirigeants fédéraux de décider d’une saison blanche.

Tout ça pour ça… Les sourires et la joie collective laissée à René Tys le 8 mars dernier semblent déjà loin. C’était pourtant il y a pile trois semaines seulement. Ce dimanche là, les filles du RBF s’arrachaient pour dominer Mondeville. A l’issue d’un scénario incroyable qui avait vu les Pétillantes emmenées en prolongations, le club rémois sortait euphorique et plein de rêves permis pour la fin de saison. C’est que vue la détermination et la série entamée, les derniers matchs, à défaut d’être gagnés, semblaient abordables. De quoi rêver de première place et d’un joli parcours en play-offs. « On s’est permis de rêver, concède Philippe Sauret, le président du club rémois. Au départ, l’objectif était le top 4 mais les filles étaient décidées à aller plus loin. » Il n’en sera rien. En tout cas pour cette saison.

Trois semaines plus tard, donc, la situation a bien changé. Le coronavirus fait des dégâts dans le monde entier et la moitié de la planète est à l’arrêt, chacun confiné chez soi. Logiquement, à l’instar des autres Fédérations sportives, la FFBB a donc décidé de la fin de saison. Quand on est compétiteur, la déception est légitime. Une réaction qui va au-delà bien sûr d’une priorité. Car si les problèmes d’équité que dénoncent Julien Pincemin, le coach rémois, ont du mal à passer, il n’oublie pas la situation sanitaire et fait comme la majorité, passer la santé d’abord.

« On ne favorise pas ceux qui bossent »

Mais plus que l’arrêt de la saison qui va engendrer une interminable pause, le coach du RBF, qui avait prolongé son bail dans la Cité des Sacres pour 3 années supplémentaires, regrette surtout l’absence de montée et l’injustice que cela provoque. « En prenant cette décision, on protège les équipes de Ligue. Autant faire une ligue fermée. En ce sens, on ne favorise pas ceux qui bossent. On ne voulait pas de wild card, mais on voulait une récompense du travail accompli. » Co-leader de LF2 avec Aulnoye (qui, sans centre de formation, ne peut pas monter conformément aux règlements de la FFBB), le RBF espérait qu’on gèle les classements à date et qu’on conserve les règlements. « Quand j’ai vu que les autres fédérations, en hand et en volley avaient conservé les montées et descentes, j’ai dit à mon président que ce serait bon. Finalement non. Ils ont fait exactement l’inverse de ce que tous les autres ont décidé. C’est un peu un coup de tonnerre. En tout cas c’est un mauvais signe qu’envoie la FFBB. Je suis dégoûté. »

Julien Pincemin : « C’est plus dur qu’une finale perdue parce que là, on n’a pas les cartes en main ».

Pourtant des solutions existaient pour satisfaire tout le monde. Comme son Président, Julien Pincemin plaidait pour monter la LFB à 13 ou 14 clubs. Soit une ou deux montées sans descente. « Je suis curieux de connaître les motivations de cette décision, ajoute le coach rémois. Maintenant, il faut digérer et ça va être long. Il faut recommencer le travail. » Celui qui s’était réfugié dans les séries Netflix et redécouvert les joies de la guitare, doit désormais préparer la suite. « J’espère maintenant que la saison ne va pas reprendre trop tard. On va se remettre au boulot, remettre en place un projet. Il va falloir s’en remettre. C’est plus dur qu’une finale perdue parce que là, on n’a pas les cartes en main. Ca va rebattre les cartes et peut-être que certains clubs, tout aussi déçus ne s’en remettront pas. »

UN MINCE ESPOIR DE MONTEE ?

Dans son communiqué, la FFBB a signifié qu’une décision serait prise le 10 avril pour ce qui concerne la LFB. « Au regard des enjeux sportifs et économiques de ce championnat, il est nécessaire de tout mettre en œuvre pour le terminer », a indiqué la Fédé dans son communiqué. Si l’éventualité (peu probable) d’une reprise s’avérait concrète, alors le championnat délivrerait un premier et un dernier, donc un relégué. Dans ce cas, le RBF pourrait tout de même prétendre à un accessit. Mais le club, et Julien Pincemin en premier, ne veut pas y penser.