Des hauts et des bas depuis le début de sa carrière, Véronique Pierron a quasiment tout connu. De quoi relativiser et aborder la nouvelle saison débutée il y a quelques semaines avec plus de recul. Une nouvelle philosophie qui lui réussit, sportivement et professionnellement. Médaillée de bronze pour la première fois de sa carrière en Coupe du Monde de short-track sur 1000m à Calgary (Canada), puis en relais mixte à Salt Lake City (USA), la patineuse du Reims Patinage de Vitesse voit aussi son horizon professionnel s’éclairer. Rencontre…
Véronique, à chaque retour, les Rémois sont heureux de te retrouver…
Ha oui, ici j’adore revenir. C’est comme ma famille, je me suis construite ici. Jusqu’ici, je n’avais pas trop l’occasion de revenir souvent, mais dès que je sus dans la région je reviens, donc le plaisir est partagé, d’autant que là c’est pour revenir avec des bonnes nouvelles donc raison de plus de les partager avec le club.
Justement, les bonnes nouvelles, ce sont deux médailles internationales, qu’est-ce qu’elles représentent pour toi, avec ton expérience ?
C’est vrai que j’ai longtemps couru après, c’est 10-15 ans d’entraînement pour arriver à ça, j’ai souvent tourné autour de la 4e place et je disais à mon entraîneur, mais je n’y arriverai jamais, et lui disait que si. D’avoir patienté, de continuer à travailler, d’y croire aussi, ca a payé. J’y étais allé sans stress, en me faisant plaisir. De toute façon, le sport c’est un jeu donc j’y suis allé pour jouer, ca a fini par fonctionner.
C’est un état d’esprit un peu nouveau pour toi..
Oui, moins de pression, moins d’attentes aussi parce que maintenant on mise un peu plus sur les jeunes donc on me laisse un peu plus tranquille et des fois ça fait du bien aussi d’y aller juste pour me faire plaisir et finalement faire ce que j’aime parce que depuis 15 ans je patine parce que j’aime ça.
Je sais que je ne pourrai pas tout le temps réussir. C’est comme ça.
Raconte-nous ce 1000m à Calgary au fil des tours, parce que ça n’a pas été si facile…
C’est vrai que j’ai essayé de courir un peu plus devant, d’avoir une attitude plus offensive, notamment sur les premiers tours. Quelque part montrer un peu qui est la boss (sourires). Avant je patinais plus à l’arrière. C’est plus dur physiquement mais j’avais le niveau pour le faire et ça m’a permis de passer des tours plus facilement et puis arrivée en finale je n’avais plus rien à perdre, donc j’ai dis prends ça cool, amuse-toi et ça a bien fonctionné.
Cette médaille, c’est un aboutissement, ou c’est l’occasion de se lancer dans le classement général ?
Oui, c’est vrai, mais je veux vraiment prendre compétition après compétition, sans me prendre la tête. Le travail est fait. Si ça fonctionne tant mieux, sinon ce n’est pas grave, il y a d’autres courses ensuite. Il faut rester serein. Je sais que je ne pourrai pas tout le temps réussir. C’est comme ça.
C’est l’occasion de faire l’impasse sur les autres distances que le 1000m ?
En Coupe du Monde, je privilégie le 1000m parce que vu mon classement, je vais forcément continuer à m’y aligner. Mais ça ne fait pas de mal des fois de travailler sur les autres distances. Mais oui, ma priorité c’est le 1000m. Sur le 500m, ce qui me bloque ce sont les départs parce que je manque un peu d’explosivité.
Le centre de formation à Reims, c’est une grosse opportunité
Quels sont tes objectifs pour cette saison non-olympique ?
Je ne veux pas parler d’objectifs de résultats, je ne veux garder que le plaisir, de relâchement, j’essaie de profiter de chaque course parce que je sais qu’il ne me reste plus beaucoup d’années sans savoir quand je vais m’arrêter mais les années sont plus derrière que devant moi. Après je vais faire le maximum pour que tout réussisse.
Tu parlais des jeunes qui poussent, quel est ton rôle au sein de cette équipe de France ?
Déjà je suis contente, parce que j’ai envie que la discipline continue de se développer, donc je veux les guider, de les rassurer, de les pousser aussi quand il y a besoin. J’essaye de leur donner des conseils, notamment quand il y a de la déception, de leur dire que c’est pas grave parce qu’ils ont encore plein de courses à vivre. Ils savent que si ils ont besoin, je suis là.
Le centre de formation fait son retour de Reims, ça aussi c’est une bonne nouvelle. L’avenir passe par Reims…
Pour moi, c’est une très grosse opportunité de centre de formation. Il y a tout sur place pour que les jeunes puissent évoluer, tout en ayant leur famille pas trop loin. A Font-Romeu c’est plus difficile. L’accompagnement est top, l’accueil est super au club à Reims, avec des heures de glace quasiment tous les jours, je suis vraiment contente de cette réouverture.
Le gap est vraiment important entre ce qu’on peut voir ici et Font-Romeu ?
Oui, énormément. C’est pour ça que la transition avec ce centre ici est importante. On a plein de jeunes qui sortent de clubs et qui arrivent à Font-Romeu et finalement la transition est trop brutale. Ils passent de deux entraînements par semaine à deux par jour. C’est trop difficile. A Reims, on apprend le haut-niveau, c’est un bel intermédiaire. Être athlète de haut-niveau c’est difficile, ça demande beaucoup de sacrifices, et il faut de la rigueur pour faire face à la concurrence. Tout cela s’apprend.
Un mot sur sa situation professionnelle qui est en cours d’évolution, dans le bon sens…
Oui, c’est un soulagement parce que ça allait aussi déterminer ma poursuite dans la discipline donc c’était important de savoir où j’en étais. Ca faisait longtemps qu’on travaillait avec la Ville de Reims pour mettre en place un contrat. Ca a été compliqué mais avec l’aide du Creps, la Ville de Reims qui va me former, et de tout le monde, on va mettre ça en place. Je vais pouvoir compter sur un CIP qui me permettra de m’entraîner sur la moitié du temps. Financièrement, sportivement, ou pour connaître une première expérience professionnelle c’est vraiment intéressant et un vrai soulagement.