Il revendique un joli palmarès. Champion du monde de MMA amateur, champion de France de pancrace et de karaté mix, champion d’Europe de luta livre, Sofiane Aïssaoui est aussi fondateur et entraîneur au Lion Fight Gym, club de MMA installé au gymnase Géo André et à la maison de quartier Neuvillette à Reims. L’occasion pour notre journaliste Alexandre Delfau, de le croiser à la sortie d’un entraînement, avant des échéances importantes, dont l’Arène des Sacres, 2e édition qui se tiendra le 23 février.
Sofiane, comment vous sentez-vous en ce moment ?
Très bien. La reprise de saison a été parfaite. J’ai resigné dans mon ancien club pro, la Atch Academy. Je suis toujours entouré des mêmes entraîneurs, Aziz Kassar, Ludovic Dandine et Johnny Frachey. La particularité, cette année c’est que je me suis entouré du centre Sport Science Expertise de Reims, avec Maxime et Isaïas. On est beaucoup plus spécifiés sur la préparation physique, avec l’évaluation de mes capacités physiques, physiologiques, anatomiques et l’amélioration des défauts que j’ai. Je ne suis plus dans une préparation physique floue où je fais un peu de tout. Je suis vraiment bien axé, bien précis et au bout de deux mois et demi je vois déjà la différence.
Qu’est-ce que ça change le SSE ?
Ça m’apporte un cadre sur ma prépa physique et une évaluation à la fois quantitative et qualitative. Je vois ma marge de progression et je la ressens. En fait, j’avais une carrière pro avec l’entraînement sportif qui était pro mais tout ce qui concernait le suivi physique et physiologique, j’étais encore un amateur donc cette année j’ai vraiment une structure pro de A à Z.
Le MMA, où en êtes vous ?
J’en suis nul part puisqu’après l’Arène des Sacres, je m’étais blessé et je n’avais pas refait de combat de MMA. J’avais enchaîné les compétitions en pancrace, karaté mix et en grappling, donc ça a aggravé ma blessure. L’été a permis un repos total, sans entraînement, pour me remettre. Là j’ai repris avec SSE et j’ai fais zéro entraînement ni en kick boxing, ni en MMA, ni en boxe anglaise ni en rien du tout. J’essaye de me refaire une santé physique au top du top avant les prochaines échéances.
“deux ans pour intégrer le BAMMA”
Le BAMMA (plus grande organisation de MMA européen) est toujours dans un coin de votre tête ?
Toujours, avec le Cage Warriors. Dans l’année ce serait top, mais grand maximum je me donne deux ans pour y être.
Vous avez été sacré champion du monde en grappling avancé au World Martial Arts Games…
Un promoteur suisse a organisé la compétition et avec mes élèves j’ai décidé d’y aller. Il y avait trois catégories, débutant, intermédiaire et avancé. Normalement, je suis en intermédiaire puisque je n’ai que trois ans de pratique. Mais il n’y avait personne dans ma catégorie de poids donc je me suis inscris en avancé, en y allant la fleur au fusil et au final ça m’a réussi.
Et le titre européen en luta livre (art martial brésilien) ?
J’ai pu m’inscrire dans deux catégories. En 85,5 kilos, ma catégorie du dessus, où je gagne mes deux combats et dans ma catégorie 79,5 kilos, je gagne trois combats et je perd la finale à la décision, donc je finis champion d’Europe et vice-champion d’Europe. Je suis content des résultats mais ça m’a bloqué pour cinq-six mois avec les blessures.
Quels sont les prochains objectifs ?
Le week-end dernier, il y avait le GIC, un tournoi international de grappling que j’ai remporté. Début décembre, il y aura la coupe de France de karaté mix mais j’ai préféré me concentrer sur les championnats de France de la discipline car cette année ils déboucheront sur un open européen. Je préfère ne pas, entre guillemets, montrer à mes adversaires ce que je sais faire sachant que je suis invaincu en coupe de France. Ils m’attendent au tournant donc si je peux les surprendre aux championnats de France ce serait bien. Pour l’instant, jusqu’au mois de décembre, rien de prévu sauf si on me propose un combat au 100% Fight.
L’Arène des Sacres est de retour en février pour une deuxième édition ?
Cette année, la nouveauté c’est qu’il y aura des filles. L’an dernier ça ne s’était pas fait car une s’était blessée. Là, on a prévu le coup, on aura quatre combats féminins. La particularité, c’est qu’on va mettre cinq titres de champion en jeu. On organise aussi un tournoi en 66 kilos et on a un combat de boxe anglaise international avec en tête d’affiche Anne-Sophie Da Costa. On aura aussi, même si ça reste en attente de confirmation, Maguy Berchel, qui est la numéro une française en pancrace et la pointure française en MMA. On aura des combats internationaux avec des marocains, des boxeurs venant des pays de l’Est et des Brésiliens. A l’inverse de l’an passé où on avait trois combats pro sur onze combats, cette année ce sera seulement deux combats amateurs. La première édition a eu de bons échos auprès des athlètes et des entraîneurs donc on bénéficie d’une belle visibilité.
Pour finir, un peu d’actualité avec l’UFC 229 et le combat Khabib Normagomedov – Conor McGregor. Qu’en avez-vous pensé ?
On avait fait des paris avec des potes et je savais pertinemment que Khabib allait gagner. Pourtant j’adore McGregor mais sur le plan technique et stratégique c’était impossible qu’il gagne à moins qu’il le mette KO en quelques secondes. Maintenant la nouvelle lubie, c’est Khabib-Mayweather. Ce sera encore une belle visibilité pour le MMA et pour Mayweather qui financièrement va s’y retrouver. Khabib sera motivé pour être le premier à battre Mayweather mais même si j’aime beaucoup Khabib, il n’y a aucune chance pour qu’il gagne.
Est-ce que vous vous retrouvez dans Normagomedov qui travaille comme vous beaucoup au sol ?
Oui et non. Khabib a une boxe très rude et il encaisse beaucoup en allant à la bagarre, chose que je ne fais pas. Sur les amenés au sol je m’y retrouve complètement. Après c’est un très bon lutteur donc ses amenés au sol sont très fortes et il ne cherche pas forcément la soumission. Il m’inspire beaucoup : boxe simple, amené au sol simple et contrôle au sol pour terminer l’adversaire. Pour moi un combattant devrait être comme ça.
Propos recueillis par Alexandre DELFAU