Frédéric Houdelet : « Il y a une vraie volonté de mener le club en Pro A »
Interviews, Water Polo — par Julien Lampin, le 26 février 2018 (18:03)
Revenu victorieux de Denain (27-12), le Reims Natation 89 caracole en tête de son championnat de Nationale 1. Sur le banc, Frédéric Houdelet, habituel assistant de Franck Missy, jouait contre son ancienne équipe. L’occasion de revenir sur son parcours, ses idées, son futur et celui du RN89, sans concession…
Frédéric, le water-polo, ça vient d’où ?
En fait, quand j’avais 10 ans, je faisais deux sports au quotidien. J’allais à la piscine et je pratiquais aussi le hockey sur glace où j’avais été détecté. Mais je préférais la piscine. Alors un jour je suis allé à la patinoire et j’ai dis que je ne pouvais pas continuer. Le water-polo, je l’ai découvert par hasard à Valenciennes. J’étais un très mauvais nageur, mais on cherchait quelqu’un dans les buts. J’ai dis OK. Ca faisait travailler les jambes, j’aimais bien. Gardien, ce n’est pas un poste facile. Il faut être costaud mentalement. J’ai appris à être concentré à 100% tout le temps. Ca m’a aidé dans le boulot.
Et le coaching, c’était la suite logique ?
Oui et non, c’est aussi venu par hasard. A l’époque c’est le Président de Valenciennes Frédéric Tampère qui m’a ouvert la première porte en entraînant les gardiens. A l’époque, mon « rêve », c’était d’ouvrir une école de gardien. La deuxième année, c’était un étranger qui entraînait. On a beaucoup échangé. Puis l’opportunité s’est présentée quand il a arrêté. J’ai hésité avant d’accepter. La première année était compliquée parce qu’il fallait que j’apprenne, même si j’ai eu des références. La deuxième année était un peu mieux. L’aboutissement, ca a été à Denain.
« A Reims, j’avais la possibilité de prendre du recul et d’apprendre dans un projet intéressant, avec une référence »
Pourquoi être venu à Reims ?
Mon boulot hors water-polo commençait à capoter. On parlait de fermeture. Là, j’avais l’opportunité de rester dans le water-polo sans y aller quotidiennement, avec un projet intéressant et avec la possibilité de prendre du recul et d’apprendre. Coacher, ce n’est pas facile. Ca doit être quelque chose d’inné, de naturel. Franck Missy, que j’ai rejoins, est un expert du coaching, c’est une référence.
Comment vous vous répartissez le travail ?
On échange beaucoup sur la tactique du week-end, la forme des joueurs. Je travaille aussi à accompagner les gardiens. On évoque aussi le futur projet de Reims, mais je n’y suis pas autant qu’il faudrait.
En parlant de projet, comment comptes-tu t’insérer dans le futur projet de grand club à Reims ?
Très franchement, je ne suis pas suffisamment dedans. En tout cas pas à 100%. Je passe seulement mes diplômes d’entraîneur. Je ne revendique rien, on verra. J’aimerais m’investir à 100%. Mais, par honnêteté, il faut au moins les diplômes pour revendiquer un poste.
« On savait qu’on pouvait rivaliser avec quelques adversaires de Pro A, mais pas autant »
Parlons du RN89 et de cette saison. Vous avez connu une belle aventure en Coupe de la Ligue. Comment tu l’analyse ?
A Douai, il y a eu une grosse débauche d’énergie. Les joueurs ont puisé dans leurs réserves. Et puis il y a eu ce que j’appelle de la « fatigue joyeuse ». On ne s’attendait pas à pousser aussi loin la performance, avec des blessés et des absences en plus. On savait qu’on pouvait rivaliser avec quelques adversaires, mais pas autant.
Le retour au championnat n’est pas facile tellement vous le dominez. Comment on revient au quotidien de la Nationale 1 ?
Si on veut évoluer en Pro A, on ne doit minimiser aucun adversaire. Le danger, c’est vrai, c’est le relâchement. Mais on ne peut pas jouer avec un seul bras. Le groupe est intelligent, il le sait. C’est un travail de tous les jours. Contre Choisy-le-Roi, on prend des buts qu’on ne doit pas prendre. L’objectif, maintenant, c’est de rester invaincus. On sait qu’on aura des déplacements compliqués à Livry et Aix. Moulins sera un piège aussi. On doit sans cesse rester concentrés.
C’est aussi humain de se relâcher, ou de se niveler à un adversaire…
Oui, c’est aussi logique d’avoir à un moment une baisse de régime. Mais on s’interdit toute suffisance. Il faut faire preuve d’humilité et de respect envers chaque adversaire. En Coupe de la Ligue, le contexte a été favorisant : Strasbourg nous met sur les bons rails parce qu’on a bien résisté mais on a aussi vu nos limites. On a encore des faiblesses à gommer. On sait ce qu’on doit travailler.
« Banaliser nos performances, c’est dommage. On se dit tous à quand la Pro A ! »
Comment tu expliques la supériorité de Reims en N1 ?
Je crois qu’on dispose d’un groupe qui n’a pas beaucoup bougé. On fait preuve de stabilité depuis quelques temps. Du coup, les schémas de jeu sont bien ancrés. On voit aussi l’amitié entre les joueurs, c’est important. Chez les autres, ca a beaucoup bougé. Franck a fait un recrutement intelligent. Quelqu’un comme Denis Kruglov s’est fondu dans le moule sans problème. Il travaille au sein d’un collectif.
Vous êtes champions de N1 depuis plusieurs années, et pourtant, on ne parle pas encore beaucoup de vous. D’ailleurs on a tendance à banaliser vos performances. Quand on regarde vos résultats, on se dit « ha, ils ont encore gagné »… Vous souffrez de ce manque de reconnaissance ?
On doit travailler sur la visibilité. On sait qu’on a un problème de communication. Douai et Tourcoing bossent bien là-dessus d’ailleurs, et ca crée un engouement. A Reims, on a un problème de publicité et de sponsor. Après, la banalisation c’est dommage. On peut aussi se dire, à quand la Pro A. La Mairie, la Région, allons-y… On banaliserait moins les résultats et on parlerait du projet.
Justement, vous avez montré récemment que vous aviez votre place dans l’Elite. Avez-vous eu écho de possibilité d’évolution de règlements ?
Plus ou moins… On sait que la Fédération pourrait plancher sur la possibilité d’autoriser les bassins de 25×20 en Pro A. Mais dans ce cas, il n’y a que St-Jean d’Angély qui pourrait monter. Pourquoi pas les 25×15, mais ce sont des bruits de fond de couloirs. J’ai du mal à y croire. Il y a beaucoup de « on dit ». Après il y a la solution Châlons. Il y a des avantages et des inconvénients. En tout cas, il y a une vraie volonté de mener le club en Pro A.
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