Aurélien Manceaux & Teddy Weber : « On a l’impression d’avoir fait notre compétition dans notre coin »

Football — par Clémence Kolb, le 9 juin 2022 (13:57)

Crédit photo : CSSR

Le Club Sportif des Sourds de Reims a vécu une saison plutôt riche. Pour leur première saison complète, les filles du CSSR sont devenues championnes de France de futsal et ont remporté la Coupe de France, tandis que les garçons viennent de revenir avec le titre de D1 en foot à 11. Un bilan plus que positif auquel il faut ajouter la médaille d’argent de cinq pandas avec l’Equipe de France lors des Deaflympics. Un bilan sur lequel sont revenus Aurélien Manceaux et Teddy Weber, traduits par Océane.

Les garçons, racontez-nous le super week-end que vous avez vécu à Caen…

On est très contents, c’était un week-end très intense physiquement mais finalement nous avons réussi notre objectif. Encore aujourd’hui, nous n’arrivons pas à trouver les mots, on profite de la victoire pour s’épanouir. L’année a été compliquée pour l’équipe masculine car dans les championnats de zone nous avions 3 équipes et 4 matchs de championnat, hors coupe de France. Donc pour construire une cohésion et des automatismes c’était assez compliqué. Durant la phase finale, nous avons facilement battu Toulon pour en demi finale, nous nous sommes donnés contre Vitry (3-1), parce qu’ils nous avaient battus en Coupe de France, donc on a voulu prendre notre revanche. Et la finale contre Paris, c’était spécial, parce que des liens se sont créés lors des Deaflympics en Equipe de France. Et affronter ses anciens coéquipiers avec qui on a vécu quelque chose de fort, c’est difficile. Mais nous sommes contents du résultat et du plaisir donné sur le terrain.

Aurélien, tu as connu une grosse blessure au genou , et finalement tu reviens au bon moment…

Oui, en fait c’est un mauvais appui au niveau du genou pendant un match de futsal qui m’a arrêté pendant 4 mois. La reprise a été difficile car elle a été progressive. Ca m’a aidé à reprendre confiance surtout avec l’objectif des deaflympics. L’entraineur avait confiance en moi malgré ma blessure. En réalité, l’important c’est le mental, penser qu’on a les compétences, avoir le soutien des coéquipiers, de la famille et le médical aussi. Le kiné m’a beaucoup aidé pendant plusieurs mois. Et puis j’avais une confiance énorme en mon équipe et je sais de quoi ils sont capables.

« Les Deaflympics, sur place, c’était pareil que pour les Jeux Olympiques »

Revenons sur les Deaflympics, où 5 Rémois étaient sélectionnés, comment vous avez vécu cette expérience ? 

Aurélien : j’y suis déjà allé en Turquie mais j’étais sur le banc. Cette année j’ai beaucoup joué, c’était vraiment la première compétition ou j’ai beaucoup appris. L’équipe m’a également bien appris. Notamment Teddy qui m’a guidé puisqu’on a le même poste mais je restais dans l’objectif de défendre notre drapeau et nos couleurs.

Teddy : sur place, c’était pareil que pour les Jeux Olympiques, avec plusieurs compétitions, un village pour les athlètes. La compétition est dure, mais l’accompagnement handisport est magnifique. Mais quand on est revenus en France, on avait notre propre accompagnement et pas assez de connaissance de ça au départ. Trop peu de gens connaissent les Deaflympics, on a l’impression d’avoir fait notre compétition dans notre coin sans que personne ne nous ai vu.

Le décalage horaire et le changement climatique étaient anticipé ?

On s’attendait plus à la pluie et non la chaleur car au Brésil c’est très humide, donc c’était un avantage pour nous, puisqu’il pleut aussi à Reims ça n’a pas été un grand choc. Et puis le fait d’être à plusieurs de l’équipe, ça a aidé à s’adapter. A 5, on se sent moins seul, quand les autres groupes sont moins, ça donne plus de cohésion et de complicité à l’équipe et ça c’était vraiment top.

« Le parcours des filles, c’est une récompense de tous les sacrifices qu’ils ont réalisé durant la saison »

Revenons au CSSR, il semble y avoir un vrai esprit de club, garçons et filles compris.

Oui bien sur, on a créé un groupe de live TV pour que tout le monde puisse regarder les matchs masculins et féminins. Quand les filles jouent, les garçons regardent et inversement. Donc à ce moment on échange beaucoup, et il y a une super solidarité entre les deux sections et on échange beaucoup nos expériences.

Et les filles ont connu une magnifique saison.

Oui, vraiment magnifique. La section féminine a été créée la saison dernière et nous avions recruté une quinzaine de filles. La saison avait bien commencé mais le Covid est passé par là. On a du refaire une équipe cette année avec quelques changements, mais ça a été une saison incroyable, Coupe de France, championnat de France et qualifiées pour la DCL. On a fait le grand chelem. C’est d’autant plus remarquable que seules 4 joueuses vivent à Reims, les autres viennent d’ailleurs et c’est un investissement de leur part. Ce sont des sacrifices qui sont récompensés.

Le club accueille les finales de Coupe de France, comment se prépare la compétition puisque le club n’est pas qualifié ?

Quelques part, peut-être que si on s’était qualifié pour cette finale, on n’aurait pas gagné le week-end dernier les finales de championnat. Tout est une question de psychologie. La victoire de ce week-end nous a un peu consolé. Mais c’est une première qu’un club sourd bénéficie d’un partenariat avec un club professionnel comme le Stade de Reims. Nous sommes heureux et fier d’organiser ces finales sur leurs installations et on les remercie. On donne rendez-vous à tout le monde le 18 juin.