Défaite du Stade de Reims à Brest : le jour d’après

Football — par Julien Lampin, le 25 août 2019 (11:32)

Le Stade de Reims a perdu son premier match de la saison samedi soir, lors de la 3e journée de L1, comme l’an passé. Pas de quoi s’alerter donc, même si des questions demeurent. Encore solide et cohérent collectivement, le club rémois a pourtant cédé en fin de match, incapable de faire la différence offensivement auparavant. En évitant les conclusions hâtives, retour sur une rencontre dont les observations ressemblent à celles de la saison passée.

ON A AIME :

  • Une défaite ne doit pas tout remettre en cause. Si le résultat à Brest est défavorable, le Stade de Reims conserve des certitudes, fort d’un groupe qui se connaît par coeur. Les principes forts sont connus. Il s’agira peut-être d’en créer de nouveaux, pour surprendre.
  • Parmi les préceptes connus, la solidité reste la principale force des Rémois. Privé de Björn Engels, la charnière centrale n’a semble-t-il par perdu en qualité avec les efforts d’Axel Disasi à côté de Yunis Abdelhamid. La complicité fonctionne bien, le placement est correct et les duels sont souvent gagnés.
  • Même satisfaction confirmée pour le duo Chavalerin – Romao, capable de couvrir un milieu de terrain solide et qui a offert samedi soir une rencontre finalement fermée tactiquement. Les nombreuses courses et dépassements de fonction de Xavier Chavalerin permet couvertures défensives et décalages offensifs, avec plus de réussite dans un sens que dans l’autre. Sa prolongation de contrat est une bonne nouvelle. Quant à Romao, il n’est pas capitaine pour rien. Aboyeur, coupeur de trajectoire, capable d’obtenir des fautes précieuses. Sans être parfait, il rassure. Et le Stade de Reims en a besoin.
  • Si Ghislain Konan, en manque de rythme, a été moins flamboyant qu’Hassane Kamara, son entente avec Moussa Doumbia offre au Stade de Reims un côté gauche qui demeure le côté dominant. Les percussions du feu-follet malien n’ont toutefois pas suffi.
  • Cette fois, on sait, Predrag Rajkovic a des qualités et confirme les promesses avancées. Dans la case des interrogations parce que peu sollicité, le nouveau gardien rémois a montré samedi qu’il saurait être décisif. Parfois hésitant sur les sorties aériennes, il semble solide sur sa ligne, jusqu’ici concentré, et avec une main ferme. Difficile de lui reprocher le but concédé en fin de match.
  • Le caractère rémois. Malgré la défaite, ni le Président, ni les joueurs ne cèdent à la panique, tout juste à la déception, compréhensible. Pragmatiques, lucides, les Rémois savent ce qu’ils ont mal fait et ne le nient pas. La communication est d’ailleurs claire. Et la meilleure façon de ne pas reproduire une erreur, c’est de la reconnaître et de l’analyser. On fait confiance à David Guion et son staff pour cela.

ON A MOINS AIME :

  • La défaite, par la force des choses. Certes le Stade de Reims manque de banc, mais il semblait avoir les moyens de contourner les équations proposées par le Stade Brestois, notamment en première mi-temps. Mais on le sait, le football, plus que du jeu, c’est du réalisme. A l’image de Dia et Chavalerin, Reims ne l’a pas été, Brest, lui, l’a été en fin de match.
  • L’animation offensive. Décidément, le Stade de Reims semble trop dépendant de sa capacité à être ultra-réaliste tant il peine à se créer de nombreuses occasions. Si Boulaye Dia demeure un atout non négligeable, il semble bien seul sur le front de l’attaque et se voit donc contraint à une efficacité redoutable lorsqu’il a une occasion. Moussa Doumbia tente aussi sur son côté gauche mais trop brouillon pour être dangereux.
  • Rémi Oudin a montré un peu plus à Brest que lors des matchs précédents, une volonté accrue symbolisé par de l’agacement lorsque ses centres ne trouvaient pas preneur. Précieux sur son repli défensif, il manque parfois de lucidité devant. Mais on le sait, il ne lui faut pas 15 occasions pour trouver le chemin des filets. La saison dernière, il avait ouvert son compteur à la 11e journée (doublé à Rennes, en octobre)
  • Tristan Dingomé est en difficulté. Pris dans un milieu de terrain fermé à double tour par les deux équipes, il n’est pas le détonateur attendu. Difficile à trouver, et dans la complexité lorsqu’il doit aérer le jeu ou faire la passe qui doit déclencher une occasion franche. Problème de système ou de rendement ? A lui de trouver la solution.
  • Le manque de discernement de certains supporters. Euphoriques après Marseille, alarmants après Brest. L’émotion est compréhensible, mais c’est une lapalissade que de parler systématiquement d’Europe après une victoire ou de relégation après une défaite ou un match raté. Le sport est ainsi fait,

ON S’INTERROGE :

  • Si le Stade de Reims a perdu, c’est certainement aussi, comme contre Strasbourg, parce que le banc rémois n’est pas suffisamment étoffé de joueurs capables d’apporter une plue-value et de changer le cours du match. David Guion ne semble pas avoir une grande confiance en Hyun-Jun Suk entré sans grande réussite samedi soir. Et Nathanaël Mbuku, même prometteur, est un peu jeune. Si elles arrivent, les recrues devront connaître un temps d’adaptation. Si la trêve internationale va aider, le temps joue contre le Stade pour recréer des automatismes et une cohérence acquise avec le groupe actuel. D’ici là, il ne faut pas plus de blessures ou de suspensions.
  • Thomas Foket a été présenté lors de son recrutement comme un latéral moderne capable de monter et avec une bonne capacité de centre. Depuis ce sont montées timides, centres ratés et mésententes avec Rémi Oudin, notamment.
  • Ghislain Konan va-t-il tenir toute la saison ? Est-il capable de retrouver son meilleur niveau rapidement ? Correct samedi soir, le latéral gauche rémois a montré qu’il n’avait pas perdu ses qualités, mais était logiquement en manque de rythme. Sauf qu’à chaque duel, on a peur qu’il se casse à nouveau.

➡ Le sentiment est partagé à l’issue de cette 3e journée. Reims ne méritait certainement pas de l’emporter samedi soir à Brest. Mais la frustration tient dans le fait qu’elle en était pourtant capable. Le club rémois a payé cher le réalisme exigé par le haut-niveau, qui n’accepte aucun relâchement. Solide sur ses principes de jeu, le Stade de Reims, en attente urgente de renforts, devra profiter des prochaines semaines pour trouver de nouvelles idées, surprendre et retrouver un réalisme offensif qui a fait sa force la saison passée.