Chloé Paquet : « intégrer le top 100 cette année »
Tennis — par Julien Lampin, le 7 février 2021 (12:48)
A la veille de son entrée en lice aux Internationaux d’Australie (elle affrontera l’Egyptienne Mayar Sherif, n°128), Chloé Paquet fait partie des 6 Françaises engagées dans la première grande compétition de l’année. Avant sa première participation à l’Open d’Australie (elle avait jusque là échoué en qualifications en 2019 et 2020), la pensionnaire du Creps de Reims nous avait accordé quelques minutes
Chloé, juste avant les qualifs pour l’Open d’Australie, tu avais choisi de faire une grosse prépa à Reims..
Oui, j’étais fatiguée, mais j’avais décidé de faire une grosse préparation foncière, avec un gros bloc, donc forcément, j’ai connu beaucoup de fatigue mais tout s’est bien passé.
C’était un choix de profiter du contexte, d’en tirer profit pour travailler l’aspect physique ?
Exactement, en fait la saison s’est terminée assez tôt à cause du peu de tournois. Donc c’est vraiment la première fois où j’ai pu prendre du temps pour moi, pour m’entraîner, pour m’améliorer sur le plan physique. On sait que ça peut prendre du temps pour augmenter nos capacités, et c’est vrai que j’en ai eu en fin d’année donc c’était la bonne chose à faire.
Ca fait un an que tu as décidé de t’entraîner en partie à Reims. Pourquoi ce choix ?
On est proches d’Anthony Petit, qui gère le centre de tennis au Creps de Reims. On s’entend très bien, je le connaissais et mon coach aussi. Et il nous a demandé si un partenariat pouvait nous aider dans mon projet, avec mon entraîneur. Et c’est vrai que c’est top. J’habite Paris, je peux faire facilement les allers-retours. Et surtout, je peux bénéficier de toute la structure pour la prépa physique et médicale. Le Creps de Reims est vraiment top pour ça.
« A Reims, ça me fait à chaque fois plaisir de venir. J’ai envie de m’entraîner ici »
Comment tu t’y sens ?
Super bien, en décembre c’était la 4e ou 5e fois que je m’y entraînais, avec des périodes de plus en plus longues. Donc je commence à m’habituer au lieu, et ça me fait à chaque fois plaisir de venir. J’ai envie de m’entraîner ici, les conditions sont parfaites pour s’améliorer et je pense que je reviendrai vite.
Comment tu as vécu cette année 2020 particulière, avec l’arrêt des compétition, le confinement, jusqu’à aujourd’hui ?
Forcément, ce n’était pas une période facile, on était tous à l’arrêt. Après en mars, j’ai plutôt bien géré parce que ça m’a fait vraiment du bien de couper, de passer du temps avec mes proches. C’est vrai qu’on n’a pas l’habitude au tennis. On enchaîne beaucoup, on voyage, donc rester dans un même lieu plus de deux mois, pour ma part, ça s’est bien passé. Après retrouver son rythme d’entraînement, ça met du temps, de retrouver les sensations aussi. Ensuite, on a eu quelques tournois. Ca ne s’est pas très bien passé pour moi, je n’ai pas eu les victoires, mais ça s’est joué à peu de choses. C’est une expérience qu’il faut prendre. J’espère quand même que ça ne va pas trop durer.
Quel bilan tu tires de cette année 2020 ?
Le positif, c’est que dans une année compliquée, mais avec la règle, je n’ai pas perdu de points. Donc s’il fallait choisir un moment pour perdre des matchs, c’était celle-là. J’ai du perdre 15 places à peu près. Sur une année normale, j’aurais reculer un peu plus. Après sur les matchs que j’ai fait, mon niveau était là, même si ça ne s’est pas bien goupillé à la fin, mais ça m’a permis d’acquérir de l’expérience et m’améliorer.
« Le top 100, c’est vraiment une étape. Mais aujourd’hui toutes les filles sont des athlètes. Tout le monde peut enchaîner les matchs »
Le mental est primordial dans ces moments-là. Beaucoup pensent que cette période peut redistribuer les cartes. La tienne peut sortir vite.
Oui, déjà pendant cette période, j’ai pu m’entraîner beaucoup plus que les autres années. C’est la première fois que j’ai pu faire un bloc de 8 semaines. Donc forcément, je progresse, et ça doit se sentir dans le niveau de jeu. Et j’espère que ça me permettra d’améliorer mon classement, avec beaucoup de victoires en 2021.
L’objectif pour cette année, c’est quoi ?
C’est de se rapprocher et de rentrer dans le top 100 en 2021. Et après voir mieux, je ne pose pas de limite. Mais c’est vrai que le top 100, c’est vraiment une étape. Je pense que la différence elle n’est pas sur le niveau tennis pur. Elle se fait sur la constance. Je sais que je peux être performante, mais si je l’étais sur 5-6 tournois de plus, ce serait mieux. A ce niveau-là, si on prend les 300 meilleures, tout le monde joue bien au tennis, donc ça ne se joue pas à grand chose. Il faut bien gérer les moments importants, c’est ce qui fait la différence avec les meilleures joueuses. Je pense que le niveau chez les filles augmente, ne serait-ce que physiquement. Toutes les filles sont maintenant des athlètes. Tout le monde peut enchaîner les matchs. Une fille qui est 150 peut battre une top10. C’était inimaginable avant. Moi-même j’ai déjà battu des filles comme Caroline Garcia, Sofia Kenin. La différence est minime. Peut-être que je pourrai plus travailler au filet, ce que je ne fais pas souvent. Je dois aussi améliorer encore mon service pour être encore meilleure.
La période de pause t’a permis, justement de travailler aussi cet aspect mental ? Tu as dis plusieurs fois que tu avais parfois du mal à gérer tes émotions…
Oui, c’est sûr, si je gère mieux ce côté mental, ces émotions, sur le terrain, je serai plus lucide pour jouer les points importants. C’est sûr que c’est un aspect que je dois améliorer. Même dans une année compliquée, je trouve que c’était mieux en 2020. Mais il faut installer ça vraiment sur tous les matchs, toute l’année.
« Mon père a joué au tennis à un très bon niveau, c’était une inspiration »
On sent chez toi beaucoup de détermination. Ca vient d’où ?
Depuis très jeune, je veux faire ce métier. Et j’ai l’intime conviction au fond de moi-même que je vais y arriver. Pour moi, y arriver, c’est être top 100, jouer des tableaux de Grand Chelem, et j’en suis proche, donc ça me donne pas mal de confiance. Et d’avoir de gros objectifs m’aide à m’entraîner et de me donner à fond dans ce que je fais. Et j’ai ça en moi depuis toute petite. A l’époque, étant française, j’adorais Amélie Mauresmo. J’ai aussi eu la chance de grandir dans une famille tennis. Mon père a été à un très bon niveau, donc j’allais le voir et c’était aussi une inspiration.
On parle de la possibilité de jouer, mais quels sont les protocoles ? J’imagine que c’est contraignant…
C’est sûr que ça change beaucoup de notre routine habituelle. On a pas mal de libertés en temps normal. On rentre à l’hôtel, on peut aller au restaurant, se promener en ville. Là on est H-24 dans les hôtels, hormis pour s’entraîner. Il y a aussi tous les tests PCR tous les 4 jours. C’est sûr que c’est contraignant de rester dans une chambre d’hôtel, mais s’il faut ça pour jouer au tennis, tout le monde veut bien le faire, parce que c’est notre métier, donc on le fait.
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