Europa League – Focus sur le Servette FC

News — par Fabien Moretto, le 16 septembre 2020 (18:08)

Ce jeudi 17 septembre, le Stade de Reims retrouvera la coupe d’Europe à Genève face au Servette. Bien que voisin, le championnat Suisse est peu connu ici alors pour découvrir l’adversaire du Stade nous avons interrogé Valentin Schnorhk, journaliste pour Keystone-ATS sport, l’équivalent suisse de l’AFP. Au chapitre, plusieurs thématiques, la place du club dans le Football suisse, la coach Alain Geiger, le style de jeu, les joueurs à surveiller et Greyjohn Kyei. 

Le Servette, un géant suisse qui revient de loin :

Historiquement, l’adversaire des rémois est un club hyper important en Suisse. Le Servette c’est 17 titres de champion, longtemps le deuxième club le plus titré de Suisse (derrière le Grasshopper Club Zurich) avant que Bâle ne passe devant mais c’est un club mythique en Suisse. C’est un club qui a fourni énormément d’internationaux à la sélection suisse et qui a accueilli de grands joueurs : les Allemands Karl Heinz Rummenigge et Oliver Neuville, Sonny Anderson ou encore Alexander Frei.

« C’est un club majeur du championnat suisse dans la seconde moitié du XXe. Au XXIe c’est plus compliqué. » Le club connaît une première faillite en 2005 avec une relégation administrative en troisième division. Le club est repris en 2009 par un homme d’affaire iranien, Majid Pishyar, et remonte en Superligue (1ère division Suisse) en 2011 avec une qualification européenne dans la foulée. Mais la suite est plus compliquée, un deuxième dépôt de bilan malgré la reprise du club par le propriétaire du club de hockey sur glace de Genève et une nouvelle relégation administrative à la clé.

Le club est repris en 2015 par la Fondation 1890, fondation affiliée à la fondation Wilsdorf, propriétaire de l’horloger de luxe Rolex. Il retrouve de la crédibilité mais doit repartir de nouveau de la troisième division. Au final Servette retrouve la Superligue la saison dernière.

Le Servette est désormais un club structuré, la reconstruction s’est faite avec plus de transparence et de patience que précédemment, ils engagent notamment au recrutement Gérard Bonneau, l’ancien recruteur de l’académie de l’OL (Lacazette, Fékir, Martial…), qui fait grandir le club.

Le retour en Superligue se passe bien avec une quatrième place d’entrée synonyme d’Europe. Le club retrouve progressivement une stature conforme à son rang dans le foot suisse mais sans brûler les étapes : « Servette revient de loin mais revient de manière intelligente. » Le club est stable désormais même s’il a pris du retard sur les grosses machines helvètes à savoir le FC Bâle et les Young Boys de Bern.

Forces et faiblesses : 

L’effectif n’est pas très large et s’il devrait être compétitif physiquement, il n’est pas habitué à l’Europe : seuls trois joueurs ont connu l’Europa Ligue et parmi ces trois, seul Steve Rouiller a connu des matchs de poule comme titulaire avec Lugano. Le groupe manque d’expérience à ce niveau.

Tactiquement, quand Servette a le ballon, il a parfois du mal à faire du jeu. C’est plutôt une équipe de contre, de transitions rapides, mais pas une équipe qui ferme le jeu. Elle aime jouer contre les grosses équipes et a fait de bons résultats la saison passée contre les cadors suisses

Le coach Alain Geiger :

Alain Geiger est un joueur emblématique du football suisse, ancien capitaine de la Nati, plus de 100 sélections, plusieurs titres de champions de Suisse dans les années 80 et 90 et un passage par Saint-Etienne.

L’entraineur Alain Geiger a eu deux carrières : une première période fin 90/début 2000 compliquée avec une réputation de coach défensif, des rumeurs de conflits d’intérêts avec son frère agent et pas de palmarès au final. C’est une période où il était peu estimé en Suisse. Puis il part entraîner en Afrique du Nord (il empoche un doublé coupe-championnat en 2012 avec l’ES Sétif en Algérie), il disparaît alors de l’actualité suisse. Lorsqu’il revient en Suisse, c’est dans un relatif anonymat. Au printemps 2018 il propose ses services à Servette et est embauché avec Gerard Bonneau au recrutement, et la formule fonctionne avec un jeu offensif qui surprend en Suisse au regard de sa réputation passée.

Les Joueurs à suivre :

Miroslav Stevanovic : C’est un Bosnien d’une trentaine d’années passé par l’Espagne où il n’a pas percé. Il signe en 2017 à Servette. « Il s’est très vite adapté, c’est un excellent passeur avec une grosse activité sur son côté droit. » Il peut être buteur également. C’est un joueur au caractère particulier qui se considère d’abord comme un gros travailleur, peu technique, mais sur le terrain c’est le meilleur joueur du Servette depuis son arrivée grâce à sa créativité et son volume de jeu.

Koro Koné : Ce sera logiquement le 9 titulaire. C’est un buteur aux stats correctes (11 buts en championnat la saison passée), un joueur d’appui mais qui peut manquer d’efficacité.

Alex Schalk : Le néerlandais est remuant, bon dans les petits espaces, mais un gros caractère qui peut sortir de son match selon les circonstances.

Grejohn Kyei :

L’ancien chouchou rémois laisse du monde perplexe à Genève, dans une hiérarchie où il arrive derrière Koné et Schalk. Il a du temps de jeu en fonction des absences des deux mais n’a pas encore convaincu. On sent des qualités mais il marque peu. Il a besoin de confiance et de temps de jeu mais manque de régularité quand il a sa chance. En Suisse il est principalement utilisé en 9, il pèche tactiquement notamment dans son rôle d’appui ou dans ses courses. Arrivé en 2019, l’attaquant peine toujours à retrouver l’allant de ses débuts en pro.

Merci à Valentin Schnorhk pour le temps accordé à Sport Club.