Axel Carlier: « Une belle aventure que j’ai décidé d’arrêter »

Revenu sur le banc du Reims Champagne Handball en août dernier, Axel Carlier a vécu une belle saison, à émotion. Un exercice interrompu prématurément à cause du coronavirus tandis que ses Panthères pointaient à la 2e place du classement. A la fois frustrant et satisfaisant. Car à l’appréciation de la Fédération Française de Handball, les Marnaises accèdent ainsi à une promotion en N1 la prochaine saison. Une aventure qui se fera sans Axel Carlier. Bilans et explications…

Axel, d’abord un mot de cette montée.. Comment est-elle appréciée ?

On savait qu’on n’était pas dans les meilleurs 2e, mais plus les matchs passaient, plus on grappillait de points sur les autres. Et j’espérais bien non seulement finir au moins 2e mais surtout être dans les 4 meilleurs 2e. Après, il faut se dire que ça n’était pas gagné d’avance. On a commencé avec des lacunes sur la base arrière, en manque de gauchères. Je dois remercier les filles qui ont du s’adapter. J’avais par exemple Anne-Sophie Claude qui est une super pivot, et Ellie Darleux (la soeur de Cléopâtre, ndlr) super pivot aussi. Et c’est vrai qu’un moment je me suis dit : « qu’est-ce que je fais, je partage le temps de jeu ? » Donc j’ai souhaité repositionner Anne-Sophie Claude sur la base arrière, comme arrière droite. Et ça a été un vrai déclic. Elle a été très forte. Elle a quand même fini dans les six meilleures buteuses du championnat. Je lui rend vraiment hommage parce que c’est frustrant pour elle. Elle a fait ce qu’on lui a dit pour le bien de l’équipe. Son repositionnement, ça a été une des clés pour prendre cette 2e place.

Quel bilan faut-il tirer de cette aventure raccourcie qui vous mène en N1 ?

Ca a été 8 mois d’une grande intensité, de août à mars. Une aventure que j’ai décidé d’arrêté à cause de ça. C’était fort intense. J’étais pris 4 fois par semaine. Je l’ai fait avec une implication totale mais repartir sur un nouvel exercice à un niveau supérieur avec plus d’investissement encore, je ne me sentais pas de le faire. Entraîner c’est beaucoup de bons moments, mais il y a aussi beaucoup de moments de doutes, de réflexions. Même quand on gagnait, si je n’étais pas satisfait du match, j’y pensais les nuits d’après et au final on est beaucoup accaparé, et c’est devenu usant.

« Repartir sur un nouvel exercice à un niveau supérieur avec plus d’investissement encore, je ne me sentais pas de le faire »

C’est une fierté tout de même d’avoir su trouver une bonne « mayonnaise » au sein de ce groupe ?

Entraîner tout le monde peut le faire. Après c’est plein de petites choses mises bout à bout qui font que les choses tournent bien. Autre exemple, les gardiennes. J’en avais deux en début de saison, dont une jeune en Pôle Espoir qu’on ne voyait pas la semaine. Je ne pouvais pas fonctionner toute la semaine avec une seule gardienne. En général, les coachs n’aiment avoir 3 gardiennes parce qu’il faut faire des choix, ça crée des frustrations. Mais c’est aussi parce qu’on a eu 3 gardiennes que le club sera en N1 l’année prochaine. Ca plus le repositionnement de certaines filles à certains postes, oui ce sont des choses dont je suis fier.

Est-ce que finalement ces manques sont une frustration parce qu’on se dit qu’on aurait pu faire encore mieux, ou bien justement ce sont ces imperfections qui ont permis cette saison ?

Ca c’est une très bonne question. En fait, avant de parler des points faibles, je vois toujours les points forts. Et en fait, le point fort c’est que j’avais des bonnes joueuses. Après ce qu’il fallait, c’était de les replacer sur les postes où on était un peu en déficit. On a utilisé nos points forts pour combler nos points faibles.

« Pour faire une bonne saison, il faut avoir de bonnes joueuses. On a fait une bonne saison… »

Finalement l’aile droite on a fait une très bonne saison avec Lily Brugnon, une droitière à droite, mais qui a fait une super saison à ce poste là. Anne-Sophie Claude qui a fait une super saison comme arrière droite. Donc c’est sûr qu’avec une gauchère en plus, ca aurait facilité les rotations, on n’aurait peut-être pas perdu à Nancy. Mais je ne me préoccupe pas de ça. Pour faire une bonne saison il faut avoir de bonnes joueuses. On a fait une bonne saison.

C’est frustrant de terminer comme ça ?

Ha c’est sûr qu’il y a un goût d’inachevé. D’autant que moi, j’ai dis assez tôt que j’allais arrêter pour que le club ait le temps de se retourner. Le club travaille, prépare la saison prochaine, mais finalement les joueuses, le club, n’ont pas pu profiter de cette montée. C’est un moment unique dans l’histoire du club. C’est ce qui est triste parce qu’avec cette crise du coronavirus, on va enchaîner directement sur la nouvelle saison sans avoir pu profiter de ce moment particulier. Et puis certains diront qu’on est monté parce qu’il y a eu le Covid-19, forcément, c’est un peu frustrant. Mais on a eu le mérite de s’accrocher à tous les matchs. Ca s’est joué à des détails, comme les deux matchs contre Sainte-Maure. Mais les filles sont allées chercher ces résultats. Moi je suis satisfait parce que sur le papier, cette 2e place, d’autres équipes la revendiquaient.

Le groupe est assez mature pour évoluer en Nationale 1 ?

Oui, certaines filles ont déjà de l’expérience, donc elles sont tout à fait capables de jouer à ce niveau là. Après forcément, il faut un peu de renfort. Il y a des postes où ce sera nécessaire. Mais elles ont les capacités pour pouvoir s’exprimer. Après ce qui fera la différence, c’est la capacité à s’entraîner. En N1, on ne peut pas faire simplement un ou deux entraînements dans la semaine.