Aurélien Manceaux : « Pourquoi nous ne sommes pas sur les listes des sportifs de haut niveau ? »

Blessé au genou depuis une dizaine de jours, Aurélien Manceaux relativise. Le joueur du Club Sportif des Sourds de Reims et de l’Equipe de France espère revenir à temps pour les Deaflympics, les Jeux Olympiques des sourds et malentendants, en 2022. En attendant, il travaille encore à la valorisation de sa communauté, avec enthousiasme et humilité. Merci infiniment à Julie pour la traduction des signes.

Aurélien, parle-nous du début de saison des équipes du CSSR, dont les résultats sont probants..

En vrai, le début de saison est intéressant. On a bien démarré, que ce soit les garçons ou les filles, les deux équipes sont invaincues. Même si avec le Covid on a du s’arrêter. Il y a eu beaucoup de sérieux et de motivation. On espère que ça va continuer, mais les résultats nous poussent à poursuivre les efforts pour réaliser les objectifs.

Justement, on parle de quels objectifs ?

Pour l’équipe féminine, l’équipe est jeune, elle a été créée l’année dernière, on en est très heureux. C’était vraiment l’inconnu. On a eu deux victoires l’année dernière. Et là depuis la reprise après la saison blanche, et la motivation reste toujours là. Les filles ont disputé trois journées jusqu’ici, à Caen, Angers, et ici à Reims. Les résultats sont très positifs. Il commence à y avoir un bon noyau qui se créée et on espère aller le plus loin possible. Pareil pour les garçons.

« Les résultats de nos équipes sont très positifs (…) On espère aller le plus loin possible ».

Vous alternez entre foot à 11 et futsal en championnat. Est-ce que c’est un problème ?

C’est vrai qu’il y a une nouvelle équipe à la Fédération. Ils ont essayé d’améliorer le calendrier. Ils ont voulu éviter de pénaliser les clubs qui ne font que du futsal pour qu’ils ne soient pas en sommeil pendant la moitié de l’année, parce que le futsal, d’habitude uniquement durant la période hivernale. Et là, ils essayent de mettre de la compétition toute l’année. Cette année sert de test, et si ça ne fonctionne pas, on reviendra à l’ancien fonctionnement. Sachant qu’on considère aussi la santé des joueuses et joueurs, parce qu’en intérieur et extérieur, les sols sont différents. Moi-même, je préfère séparer extérieur l’été et indoor l’hiver.

Le monde sourd a connu des difficultés avec la reprise post-Covid ?

C’est très variable. Chez les jeunes, le nombre de licences a diminué. Mais peut-être qu’ils font autre chose. Mais chez les sourds, il y a un bon socle et on reste solidaire, mais on constate un décrochage.

Avez-vous souffert du manque de visibilité, sachant qu’on a fêté le sport valide avec les JO, handi avec les paralympiques, mais pas les sourds ?

C’est une bonne question. C’est vrai qu’il y a un décalage avec les entendants et les paralympiques. Eux ont été filmé, médiatisés. Ce n’est pas le cas des Deaflympics. On n’est pas au même niveau. Nous ne sommes pas, par exemple, reconnus sur les listes ministérielles. On ne comprend pas pourquoi nous ne sommes pas considérés ou soutenus comme des athlètes de haut-niveau. On manque de reconnaissance.

Peux-tu évoquer justement ces Deaflympics ?

En fait, c’est comme les JOP, c’est tous les 4 ans. Et justement, les prochains se tiendront au Brésil, du 1er au 15 mai 2022. L’équipe de France de foot s’y est qualifiée. Et c’est mon objectif de reprendre à temps pour être prêt pour intégrer la sélection.

NOUVELLES ECHEANCES CE WEEK-END

Si les garçons seront en déplacement à Chennevières ce samedi en 8e de finale de la Coupe de France sourds, en foot à 11, les filles, elles, disputeront un quart de finale de Coupe de France à Reims contre Toulouse, au gymnase de la Neuvillette.