Xavier-Guillaume Valledor… et d’argent

Sports de raquette — par Julien Lampin, le 23 juillet 2021 (11:11)

Crédit photo : Badzine

Il n’aura pas eu l’occasion de porter très concrètement le maillot du Reims Métropole Badminton. Mais Xavier-Guillaume Valledor aura ramené au club un titre national. Début juillet, le jeune homme de 23 ans, atteint d’une surdité partielle, est devenu champion de France de para-badminton et vice-champion de France en double. Passionné et ambitieux, il devrait vite retrouver sa chère Normandie.

Derrière ses lunettes, se cachent des yeux clairs et attendrissants. Un regard concentré sur les lèvres pour ne rien manquer d’une conversation qui tourne souvent autour de ce qui anime Xavier Valledor : le plaisir, la liberté. Une liberté qu’il aime à exprimer sur les terrains de badminton. Très jeune, le Normand d’origine apprend à user de la raquette. Et très vite, il comprend que la discipline va occuper de nombreuses heures dans sa vie. Jusqu’à se voir offrir une belle médaille d’or lors des championnats de France de para-badminton début juillet à Carquefou.

Car Xavier-Guillaume Valledor doit vivre avec une particularité dont il se passerait bien. « Maintenant, je n’entend plus le claquement du volant, sauf si je claque un gros smash. Alors qu’avant quand je faisais une amortie, je l’entendais. Ma chance, c’est que j’ai connu les deux, la vie avec le son, et la vie avec une déficience, donc j’ai pu m’adapter ». Depuis tout petit, le badiste souffre d’une perte de l’ouïe héréditaire. Une perte évaluée à 60 décibels due à une malformation de la cochlée, cet organe creux en forme d’escargot située dans l’oreille et qui engendre chez le jeune homme de 23 ans une dégénérescence progressive. « Je n’ai pas le choix de me dire que c’est comme ça. Je le subis, mais je me dis que certes ça m’handicape, mais j’ai pas trop de gros problème dans la vie ».

Travail, passion, ambitions

Un handicap qui ne l’empêche pas de pratiquer sa passion. Le badminton, Xavier-Guillaume en fait depuis tout petit. A 13 ans, il est repéré par l’Equipe de France handisport. Très vite il devient le n°1 régional et top 20 français de sa catégorie. Il enchaîne à 16 ans avec ses premiers championnats du monde sourds en Bulgarie en 2015 puis les Deaflympics à Samsun en 2017. Et si le handicap progresse, rien n’empêche la pratique. « Geste par geste, point par point. Après c’est sûr que la perte de l’ouïe joue sur les repères et l’équilibre. Mais au badminton, ca va. Quand tu mets un poisson dans un aquarium, il est heureux. Quand on me mets sur un terrain de bad, c’est pareil ». Mais pour la première fois, le gaillard d’1m90 a du couper à cause de la crise sanitaire et des confinements successifs. Une période difficile de l’aveu même du jeune badiste, qui n’a repris l’entraînement que le 9 juin à la réouverture des gymnases. Soit 3 semaines de préparation avant les France de Carquefou. « En fait, j’ai fait 4 vrais entraînements de plus de 2h, vraiment complet ». Aux France, face à lui, des jeunes qui pour certains évoluent en pôles et centre de formation, et qui ont eu plus de temps pour préparer l’échéance.

« Ca veut dire que je n’ai pas perdu mon niveau, se félicite-t-il. Au départ, je me disais on verra bien. En poules, je tombe sur le n°1 français en simple. Je perds aussi de l’énergie en double mixte et on s’en sort aussi en double messieurs malgré des problèmes au tendon d’achille de mon coéquipier. Mais on perd de peu en finale ». Une belle médaille d’argent qui n’altère pas son ambition grandissante en simple au fur et à mesure de l’avancée du tournoi. Face à un gros niveau (N1 – N2), Xavier sort le n°2 français et domine en finale un jeune prometteur. « Une fois en finale, je n’imaginais pas autre chose que gagner. Ma demi-finale était trop dure. C’était chaud ».

De quoi offrir une nouvelle médaille au Reims Métropole Badminton. « Je suis venu à Reims pour des raisons personnelles » précise-t-il. Mais après une année difficile, le Normand quittera déjà la cité des Sacres prochainement pour occuper un poste de manager et d’assistant de direction dans une grande entreprise autour de Caen. « Ca va me faire du bien. Ca faisait un an que je n’avais pas revu mes parents quand ils sont venus aux championnats de France ». Une proximité familiale primordiale pour un jeune homme riche d’un héritage franco-espagnol qui prône les valeurs familiales. « Quand ma mère m’a dit qu’elle était fière, j’étais heureux ». Place maintenant à de nouvelles aventures et de belles ambitions. « Depuis que j’ai 18 ans, avec le bad, j’ai souvent eu l’occasion de voyager, notamment à l’étranger, en Slovaquie, en Turquie, en Bulgarie… Reims c’est bien, j’ai vu, mais j’ai besoin de retourner chez moi. Reims, je l’ai surtout découverte sous confinement, ce n’était pas l’idéal ». Désormais, Xavier Guillaume Valledor espère bien devenir sportif de haut niveau et trouver des sponsors. Prochains objectifs, les Deaflympics en mai prochain, puis les Europe en octobre et les Mondiaux en janvier en 2023.