La dernière danse d’Antonin Dasso

Divers — par Julien Lampin, le 9 novembre 2021 (21:55)

Crédit photo : Elodie SAINTE

Au terme d’une belle semaine de compétition à René Tys, théâtre des championnats de France de roller artistique, le Rémois Antonin Dasso a décidé de ranger les rollers en solo. Non sans avoir glané un ultime titre de champion de France devant son public. Entretien avec le jeune retraité des patins.

Antonin, que de belles émotions ce week-end. Comment tu as appréhendé l’événement ?

Ben déjà, dans la préparation, même à un mois de l’événement, je savais très bien que je me préparais pour la dernière, donc psychologiquement, je me suis bien préparé. Mais on ne sait jamais vraiment comment on réagit sur l’instant. Au final, je me suis mis dans ma bulle, comme une compétition banale, et j’ai fait ce qui était prévu avec l’entraîneur.

Et comment as-tu vécu les derniers jours, avec cette attente qui montait, surtout à domicile ?

C’est vrai que les derniers jours étaient un peu dur en soi, surtout quand on a commencé à s’entraîner dans la salle, parce que je m’imaginais un peu la scène, comment ça allait être à l’instant T. Comment ça va se passer, est-ce que je vais faire une bonne prestation, est-ce que je vais rater ma dernière. Forcément, en amont, on pense à tout ça, le stress, l’émotion, tout ça, mais au final tout s’est bien passé.

Et sur le moment, René Tys était chaud bouillant, racontes-nous un peu le moment…

Déjà pour ce championnat de France, c’était particulier parce qu’il n’y avait qu’une épreuve. D’habitude, il y a deux épreuves, mais là, le style dance a été supprimé par manque de place sur le planning, et puis parce qu’on n’a pas eu le temps de préparer tous les programmes. De base, les championnats auraient du se tenir en juillet, et là avec le Covid, il a été décalé et c’était difficile d’empiéter sur la saison prochaine. En soi ça m’arrangeait, parce qu’il restait la danse libre, c’est mon épreuve favorite. Et donc j’avais choisi de danser sur The Xx, un joli montage de 3 morceaux, c’était top.

« Je n’ai pas de regret sur ma décision »

Sur un seul passage, il ne fallait pas se tromper…

C’est ça qui est dur dans notre discipline. Effectivement, sur ce championnat seule une quinzaine de patineurs qui avaient pu faire des compétitions à l’international, et qui finalement avaient attaqué leur saison, alors que les autres, n’avaient plus connu la compétition depuis deux ans à cause du Covid. Du coup, oui, il y avait un gros stress pour beaucoup.

Cette retraite.. Pourquoi ?

Il y a plusieurs raisons. D’abord, ça me prenait beaucoup de temps. On ne peut pas en vivre et ça devenait difficile d’y consacrer autant de temps, donc il fallait faire un choix. Je suis coach sportif depuis 3 ans et ça devenait difficile de faire les deux en m’entraînant 6 fois par semaine. Il y aussi eu le Covid qui a coupé cet élan et où c’était difficile de s’entraîner parce qu’on n’était pas professionnel donc on n’avait pas accès au gymnase.

Et pas de regret aujourd’hui ?

Non, pas de regret sur la décision. Les seuls que j’ai, c’est la décision de la World Skate d’obliger une nation d’engager un senior solo homme uniquement si elle envoie également un couple danse. Sauf que les couples danse ne sont pas encore tout à fait au niveau international. Et puis ma non-sélection au Mondial il y a quelques semaines a fini de me décider, même si je suis content que ce soit Léo Massis qui y soit allé. On a le même niveau, donc on savait que ce serait soit l’un soit l’autre. Il n’y a aucun souci là-dessus, il a fini devant aux Europe en Italie.

« Ces championnats de France ont révélé de belles pépites au club. La relève est lancée »

Qu’est-ce qu’il manque à votre discipline pour bénéficier d’une plus grande reconnaissance ?

Il manque encore des résultats. Même malgré la médaille d’or au Mondiaux au Paraguay en roller in line avec Séréna Giraud. Cette médaille fait du bien. Mais il en faut encore. Il y a des nations comme l’Italie ou l’Espagne et le Portugal qui nous dominent et qu’on doit rattraper.

La suite pour toi c’est quoi du coup ?

Je vais continuer à m’investir dans le club et la discipline. Avec Léo, Léa Tran et Gwendoline Dasso, on s’est lancé dans le quartet depuis 2018, les groupes à 4. Pour l’instant on a de bons résultats. On avait fait 6e aux championnats du monde en 2019, donc on a quelque chose à refaire malgré l’année blanche. Mais on espère être à Buenos Aires en 2022 pour faire quelque chose.

Et donc encore des médailles pour le club…

Oui, surtout que cette semaine de championnat a permis de révéler quelques petites pépites. Au total, le club a fait 6 médailles, c’est vraiment prometteur pour la suite. La relève est lancée, et je continuerai de les préparer physiquement.

LEO MASSIS DEVRAIT S’ARRÊTER AUSSI
C’est ce qu’on appelle la loi des séries. Après avoir matché amicalement durant plusieurs années au plus haut niveau national et international, Antonin Dasso et Léo Massis ont décidé de raccrocher en même temps. Auteur d’une belle prestation à Asuncion, au Paraguay lors des Mondiaux, Léo Massis s’est depuis blessé. Une blessure de fatigue qui l’a empêché de disputer le championnat de France ce samedi devant son public. De quoi générer déception et frustration, d’autant que le patineur de 25 ans a lui aussi décidé de raccrocher en solo, faute de temps, de moyens, mais aussi après que son entraîneur ait décidé de prendre du recul pour des raisons personnelles.