Retour sur Brest – Stade de Reims (0-0)

Articles, Football — par Julien Lampin, le 7 février 2018 (16:05)

Crédit photo : Julien LAMPIN

Une semaine après sa défaite contre Lorient, le Stade de Reims a vite réagi lundi soir sur le terrain de Brest, sans pouvoir gagner pour autant (0-0). Un peu d’analyse ? Allez…

 CHAMPAGNE

  • On l’a souvent souligné depuis le début de saison, la force du Stade de Reims cette saison, c’est son groupe et son état d’esprit. Après Lorient, le capitaine, Danilson Da Cruz l’avait annoncé sans coup férir, les Rémois allaient montrer autre chose à Brest. Ils ont tenu parole. Malgré le manque de réussite, les Stadistes se sont montré volontaires, solidaires et sereins, à l’image de ce qu’on connaissait d’eux avant la trêve. Les joueurs ont beaucoup couru, avec l’envie de bien faire. Des attitudes forcément positives nécessaires pour une dynamique performante.
  • C’est vrai, le Stade de Reims n’a pas gagné à Brest lundi. Mais il n’a pas perdu. Et l’air de rien, les rouge & blanc n’ont plus perdu loin de leurs bases, en championnat, depuis le 13 octobre 2017 (à Châteauroux). Sept déplacements ont été effectués depuis (5 victoires, 2 nuls ; 8 buts marqués, 1 seul encaissé). De quoi caracoler en tête du classement des équipes à l’extérieur, avec 29pts en 13 matchs, loin devant… Brest (21pts). Reims peut voir venir, d’autant qu’il sait voyager. Important à souligner tant le manque de points pris à l’extérieur la saison dernière fut fatale.
  • Le clean sheet. C’est une force cette saison, la forteresse rémoise est difficile à prendre. Et si certains pouvaient s’inquiéter de la blessure d’Edouard Mendy ou de Youssouf Koné, force est de constater que le Stade de Reims prend toujours aussi peu de buts. Autour de la charnière Yunis Abdelhamid et Julian Jeanvier, il faut saluer l’organisation impressionnante du bloc défensif, rarement dépassé. Et lorsqu’un joueur est en difficulté, il est quasi systématiquement couvert par un autre. Comme à son habitude, Axel Disasi, entré à la pause suite à la blessure de Samuel Bouhours, a confirmé tous les espoirs portés en lui. Solide et mature, il a de belles années devant lui. Le repli des attaquants et le travail notamment de Pablo Chavarria est à noter.
  • Marvin Martin. En d’autres circonstances, il aurait peut-être bougonné. Mais malgré un temps de jeu plutôt réduit, l’ancien international garde un état d’esprit irréprochable et le groupe l’apprécie, à l’image de son anniversaire fêté il y a quelques jours. A l’aise techniquement, son jeu vers l’avant, souvent à une touche de balle, permet souvent de prendre à revers des défenses pas toujours très mobiles. Même en Ligue 2, sa technique et sa clairvoyance sont des atouts non négligeables, notamment contre des équipes joueuses, comme peut l’être Brest.
  • On s’est suffisamment posé de questions sur la communication des coachs précédents pour ne pas souligner celle de David Guion. Si le jeu est important à analyser, on apprend aussi beaucoup de la façon de communiquer. C’est évidemment plus simple après une victoire. Il est intéressant de noter le même calme et la même sérénité du coach rémois après une défaite ou un match nul. Surtout, il continue de parler football, tactique, technique. Il sait de quoi il parle, il semble savoir où il va, et ça c’est rassurant même sans victoire.
  • 1 point en deux matchs. C’est peu. Surtout le Stade de Reims n’avait pas habitué les observateurs à un tel ratio. C’est vite oublier le 9/9 réalisé début janvier. Le matelas de points acquis à la trêve devait servir à gérer un éventuel coup de mou. Si l’on pouvait s’inquiéter de ce ralentissement comptable, inutile de regarder dans le rétroviseur. C’est vrai le Stade de Reims a légèrement ralenti, mais ses poursuivant vont encore moins vite, si bien que les 10pts d’avance sur le 3e se sont transformé en 12. Nîmes, 2e, est lui aussi désormais à 10pts.

 ATTENTION

  • Loin de nous l’idée de faire la fine bouche. Mais si le contenu du match était globalement bon, le Stade de Reims peut être frustré de ne pas avoir gagné. Ce n’est pas un problème. Le match était à l’extérieur, contre une bonne équipe quoiqu’en difficulté sur son terrain, et puis ce serait trop facile (et jamais vu) de tout gagner. Mais il fut un temps, fin 2017, où la domination se concrétisait quasi systématiquement par une victoire. Sans dire que la chance a tourné, les deux poteaux en une minute et le but injustement refusé à Jordan Siebatcheu sont des signaux étonnants à défaut d’être négatifs. A surveiller.
  • Dans la même idée, il faut noter que la réussite fuit plus facilement le Stade de Reims offensivement. Insolents d’efficacité fin 2017, les Rémois ont besoin de plus d’occasions pour concrétiser, là où le ratio était éloquent dans la première partie de saison. Pas un souci tant que les occasions sont nombreuses.
  • C’est le meilleur buteur du club. Alors forcément, on essaye de le chercher. Sauf qu’à Brest lundi, Jordan Siebatcheu a très peu été trouvé. Bien surveillé par l’arrière-garde bretonne, le jeune attaquant rémois a fait plusieurs appels sans être servi. Dommage tant il a montré des capacités à souvent être bien placé. Pour preuve lorsqu’il fut à la conclusion du travail de Pablo Chavarria. Son but sera finalement refusé.
  • Combien de fois a-t-on loué la force physique des Rémois en première partie de saison ? Plusieurs fois, les observateurs ont été impressionnés par les courses intenses de latéraux rémois en fin de match. La stratégie est connue. Les Stadistes font travailler leur adversaire, l’use, impose des duels à l’impact physique important. Souvent l’occasion de faire la différence en fin de match. Un aspect qui se raréfie en 2018. Non pas que les Rémois semblent fatigués, mais l’écart de physique et de lucidité entre le Stade de Reims et ses adversaires se nivellent. La préparation physique est bonne, mais on imagine qu’il y aura un coup de mou, et peut-être que celui ci approche. A suivre.

 MOUSSEUX 

  • Epargné des blessures en première partie de saison, en tout cas pour les joueurs cadres, le Stade de Reims voit son infirmerie se remplir depuis le début de l’année 2018. Après Youssouf Koné, début janvier, Edouard Mendy, Hassane Kamara, Diego et Samuel Bouhours ont rejoint le clan des blessés, à plus ou moins court terme. David Guion l’a souvent répété, la force de l’équipe c’est le collectif. Les absences sont donc la possibilité à d’autres de se montrer à la hauteur dans un groupe annoncé comme homogène. Problème, c’est surtout le côté gauche qui est décimé. Et si Diego est un des baromètres de l’équipe, son absence devient forcément contrariante.
  • Brest est une de ces bonnes équipes de Ligue 2 qu’on imagine comme candidate à la montée. En soi, prendre un point en Bretagne n’est pas une mauvaise nouvelle. Mais ajouté à la physionomie de la rencontre, le classement à domicile des Brestois offre plus encore de frustration aux Rémois. Avec seulement 17pts conquis dans leur stade Francis Le Blé, Brest n’apparaît qu’en 15e position du classement des équipes à domicile. Une stat qui laisse à penser que Reims a perdu 2pts plus qu’il n’en a pris un lundi soir.
  • La Bretagne, ca vous gagne, dit le slogan. A beaucoup peut-être, mais pas au Stade de Reims ! Battu à domicile au match aller (0-1), Brest n’est pas la seule équipe qui a freiné Reims cette saison. Battu sur sa pelouse sur le même score il y a une semaine par Lorient, les Rémois s’étaient déjà inclinés 2-1 au Moustoir en août dernier. 1pt sur 12 possible contre les clubs bretons. Rennes et Guingamp se frottent déjà les mains.
  •  En plus du classement général et des résultats globalement probants, le Stade de Reims offre cette année au public un spectacle plutôt attrayant. Un public qui peine pourtant à se rendre au stade pour saluer ses joueurs. Matchs en semaine, météo défavorable, horaires difficiles, les explications sont nombreuses. Il n’empêche, on n’imagine mal un stade aussi peu garni face aux PSG, Marseille, Lyon ou Monaco la saison prochaine. Signe que s’ils veulent, les Rémois peuvent se déplacer à Delaune. Le message est passé.
  • Au gré des discussions, on peut tout entendre. Autant l’enflammade pour la montée est de moins en moins risquée, autant les grands discours inquiets après deux matchs sans résultat positif semblent exagérés. L’enthousiasme et la passion n’empêchent pas un peu de mesure. Des fois…

 Large leader de Ligue 2 et auteur d’une première partie de saison stratosphérique, le Stade de Reims ne devrait logiquement pas reproduire un tel parcours entre janvier et mai. Surtout il n’en a pas besoin. Il sera tout de même important pour les protégés de David Guion de retrouver rapidement le goût de la victoire, question de dynamique. Surtout face à des équipes hors du haut de tableau. Plus en difficulté face au top 6 (0pt contre Lorient, 1 contre Brest, 1 contre Le Havre, 1 contre le Paris FC), les Rémois ont jusque là fait le plein ou pas loin contre les équipes qui suivent au classement. Sans Florian Martin ni Aldo Kalulu, tous les deux blessés, les Sochaliens seraient presque les adversaires parfaits pour relancer les Rémois à Delaune, vendredi soir.